La visite du lobbyiste Sylvain Vaugeois au siège social d'Ubisoft en 1997 a permis au Québec de devenir l'un des leaders mondiaux du jeu vidéo. Elle a aussi coûté 652 millions en 15 ans en crédits d'impôt sur les salaires des entreprises multimédias.

Actuellement, la facture pour les contribuables québécois est d'environ 120 millions par année pour l'ensemble du secteur multimédia, qui inclut en majorité mais pas exclusivement les 55 entreprises de jeu vidéo établies au Québec. Le crédit d'impôt remboursable a été ramené de 50% à 37,5% du salaire par le gouvernement Charest en 2003.

S'il n'est généralement pas favorable aux crédits d'impôt pour maintenir des emplois au Québec, l'économiste Claude Montmarquette est moins sévère pour l'industrie multimédia. «En théorie, je suis contre ça, mais en pratique, tous les gouvernements le font dans ce créneau, qui est plus prometteur que d'autres secteurs en déclin comme le manufacturier», dit le professeur émérite de l'Université de Montréal.

Dernièrement, les enchères ont monté. En plus du crédit d'impôt sur les salaires, les trois derniers studios étrangers à s'établir à Montréal ont aussi obtenu une subvention directe (7,5 millions pour 300 emplois chez Warner Brothers, 3,1 millions pour 400 emplois chez THQ, 2 millions pour 250 emplois chez Square Enix). L'ex-ministre péquiste Bernard Landry se réjouit de voir que les libéraux ont adopté - et même bonifié - sa stratégie après l'avoir critiquée au départ. «Ça prenait tout aux libéraux pour ne pas dire que c'était du communisme, dit-il. En privé, des députés libéraux me reprochaient en plus d'avoir donné cet argent à des maudits Français!»

À défaut d'avoir bénéficié de subventions directes du gouvernement québécois, Ubisoft a profité de plusieurs programmes gouvernementaux et crédits d'impôt autres que le crédit d'impôt sur les salaires. En 2005, Québec a injecté 17,6 millions pour appuyer l'expansion d'Ubisoft ("1000 emplois). En 2007, cette aide a été réévaluée à jusqu'à 19 millions.