Le déficit commercial du Canada avec le monde a augmenté plus que prévu et atteint 793 millions en mai, ce qui laisse croire que les problèmes économiques mondiaux commencent à affecter les producteurs canadiens.

Il s'agissait du deuxième recul mensuel consécutif, à la suite d'une amélioration constante du commerce international canadien. Et la situation s'est empirée depuis la révision des données d'avril, qui a fait passer le déficit de ce mois à 623 millions, en forte hausse par rapport au résultat de 367 millions précédemment rendu public.

Cet étonnant renversement de situation préoccupe même les analystes habituellement optimistes, qui craignent maintenant qu'une tendance à la baisse soit en train de s'installer.

Les économistes affirment que la performance du Canada en matière de commerce international nuira à la croissance économique du deuxième trimestre, qui a pris fin en juin, mais dont les données n'ont pas encore été calculées.

«Il n'y a pas grand chose de brillant dans ces chiffres. La faiblesse est généralisée, peu importe la façon de laquelle vous regardez ça», a observé Peter Hall, économiste en chef d'Exportation et développement Canada (EDC).

Tel que prévu, compte tenu de la récession européenne et de la faible croissance aux États-Unis, les exportations vers les pays les plus développés ont été faibles durant le mois de mai.

La plus étonnant, cependant, est que les exportations canadiennes au Japon ont dégringolé de 25,7%.

«Ça laisse perplexe, a indiqué M. Hall. Je cherche encore à comprendre ce qui se passe. Est-ce la fin de la reconstruction (à la suite du séisme et du tsunami de 2011) en ce qui concerne le Canada, ou est-ce l'instabilité d'une période d'aide économique extraordinaire?»

Dans l'ensemble, les exportations sont demeurées stables, à 38,9 milliards, tandis que les importations ont augmenté de 0,4%, à 39,7 milliards.

Robert Kavcic, économiste à la Banque de Montréal, a cependant observé qu'en termes réels - données qui ont un impact direct sur la production économique - les exportations avaient chuté de 0,6% en mai.

«Nous n'aimons pas voir que le commerce réduise la croissance en ce moment, en particulier en regard du ralentissement des dépenses des consommateurs et du secteur de l'habitation», a-t-il dit.

La Banque du Canada avait prévu une croissance économique de 2,5% au deuxième trimestre. Toutefois, les économistes s'attendent pour la plupart à ce que la banque centrale revoie à la baisse cette prévision.

La performance du Canada au chapitre des exportations a en général été négative en mai, à l'exception de l'impressionnante hausse de 8,7% des expéditions de machines et d'équipement, incluant celles d'aéronefs, de moteurs d'aéronefs et de leurs pièces, qui ont grimpé de 46%.

Toutefois, les exportations de produits énergétiques ont diminué de 4,3%. Des baisses ont également été constatées du côté des produits forestiers, de l'agriculture et de la pêche, des biens industriels et des produits automobiles.

Les importations en provenance des États-Unis ont connu une hausse de 1,8%, à 25 milliards, et les exportations du Canada vers le voisin américain ont gagné 0,2%, à 28,2 milliards, après quatre mois consécutifs de déclin. Ainsi, l'excédent commercial avec les États-Unis a glissé à 3,2 milliards en mai, par rapport à 3,6 milliards en avril.

Les importations d'autres pays ont décliné de 1,9%, à 14,7 milliards, tandis que les exportations étaient en recul de 0,7%, à 10,7 milliards. Le déficit commercial avec le reste du monde s'est donc amenuisé à 4 milliards, comparativement à 4,2 milliards en avril.