Des actionnaires du canadien Research In Motion (RIM) ont exprimé mardi leur «colère» et leur «énervement» lors de l'assemblée annuelle du groupe, alors que l'avenir du fabricant du téléphone BlackBerry est remis en question par de nombreux analystes.

En poste depuis janvier, le PDG de RIM, Thorsten Heins, s'est trouvé sous le feu des critiques d'actionnaires minoritaires mécontents lors de l'assemblée du groupe à Waterloo, ville du sud de l'Ontario où se trouve le siège du groupe.

Des actionnaires ont mis en cause la compétence du conseil d'administration de l'entreprise, dont les 10 membres ont néanmoins été reconduits dans leurs fonctions, avec un soutien variant de 70% à 85%.

L'un de ces actionnaires, Vic Alboini, PDG de la banque d'affaires canadienne Jaguar Financial Corporation, a notamment appelé le fondateur et ancien coprésident de RIM, Mike Lazaridis, à quitter le conseil d'administration.

«Ce conseil d'administration est un club très fermé, confortable. On est entre gens de bonne compagnie. Mais est-ce que vous pensez que c'est ça le principal? C'est du business! Il s'agit de l'argent que des petits porteurs ont investi depuis plusieurs années» s'est emporté M. Alboini.

L'action de RIM, qui cotait 145,50$ canadiens en juin 2008, a perdu depuis 95% de sa valeur et ne vaut plus que 7,44$. Elle a encore cédé mardi 4,6% à la Bourse de Toronto.

D'autres actionnaires ont aussi fait part de leur «colère» et de leur «énervement» face aux difficultés du groupe, qui a subi une perte de plus de 500 millions de dollars au premier trimestre, en plus d'annoncer 5000 licenciements -- 30% de son effectif -- d'ici fin 2013.

L'un d'eux a même a été applaudi lorsqu'il a affirmé que «ce que cette compagnie a besoin, c'est d'un remue-ménage comme au CPR», la société de transport ferroviaire Canadien Pacifique dont une partie des administrateurs ont démissionné le mois dernier sous la pression d'actionnaires mécontents.

Le PDG du groupe a reconnu que «l'année qui vient de s'écouler avait été difficile pour RIM» en raison aussi des retards accumulés dans le lancement de son futur système d'exploitation BlackBerry 10, sur lequel le groupe mise pour combler une partie du retard technologique qu'il a pris face à ses concurrents mais qui a été repoussé au début 2013.

Autrefois dominant dans les smartphones, RIM ne détenait plus que 6,4% de ce marché dans le monde au premier trimestre, loin derrière le système Android (59%) et l'iPhone d'Apple (23%), selon une récente étude du cabinet de recherche spécialisé dans la technologie IDC.

Parmi les solutions envisagées pour remédier aux difficultés financières du groupe, Thorsten Heins a notamment évoqué la réduction du nombre de modèles de BlackBerry pour diminuer les coûts en recherche et développement.

De plus en plus d'experts doutent toutefois de l'avenir du groupe. «Nous croyons que le modèle économique de RIM est fondamentalement cassé», a ainsi éstimé mardi un analyste du cabinet Morgan Stanley, Ehud Gelblum, dans une note à ses clients.