À l'image de l'économie qui multiplie les signaux de d'affaiblissement, les employeurs ont ralenti le rythme d'embauches des deux côtés de la frontière.

Au Canada, l'ajout de 7300 emplois en juin n'a causé aucune surprise. Il représente un deuxième mois de surplace d'affilée après les 7700 emplois de plus de mai. Cela aura suffi cependant à faire reculer d'un dixième le taux de chômage canadien, à 7,2%, le creux du présent cycle.

L'échantillon de quelque 56 000 ménages de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada comporte une erreur d'échantillonnage type de quelque 28 000, ce qui est très faible sur les 17,5 millions d'emplois de l'économie. Elle commande la prudence cependant dans l'interprétation des résultats des deux derniers mois.

Depuis le début de l'année, aucune place au doute cependant. L'économie canadienne s'est enrichie de 155 000 emplois, un score très voisin des 163 900 des six premiers mois de l'an dernier. En plus, la quasi-totalité des nouveaux postes sont à temps plein.

En 2011, la création d'emplois avait battu de l'aile en seconde moitié d'année avec seulement 26 000 emplois de plus d'un océan à l'autre, mais 58 600 en moins au Québec.

Pour la première fois cette année, le Québec accuse un léger recul de l'emploi en juin (-4600). Le taux de chômage a néanmoins reculé d'un cran à 7,7% car le nombre de personnes ayant renoncé à se trouver du travail a diminué davantage. Tous les emplois perdus étaient à temps plein.

Fait à signaler qui est peut-être relié aux casseroles et aux carrés rouges, l'industrie de l'hébergement et des services de restauration affiche une saignée de 24 400 emplois qui a volatilisé tous les gains de cette industrie depuis le début de l'année et annulé les ajouts appréciables enregistrés dans les services de santé et le commerce au cours du mois.

Tout paraît en place pour une répétition de l'an dernier au second trimestre, du moins à l'échelle canadienne, à cause du ralentissement de l'économie mondiale et de l'expansion américaine en particulier.

«Le marché du travail canadien continuera de suivre un parcours hésitant, affichant alternativement des hausses et des baisses d'emplois au cours du prochain trimestre», prédit Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins.

«La faiblesse des prix des biens de base et le ralentissement de l'économie mondiale suggèrent que la création mensuelle d'emplois restera en deçà des 10 000 au cours des prochains mois», renchérissent les économistes Stéfane Marion et Matthieu Arseneau de la Banque Nationale.

Les chiffres de juin montrent en fait que le marché du travail se consolide après un fort rebond en mai et avril. Le mois dernier, c'est le secteur public qui a embauché alors que les entreprises ont réduit leurs effectifs de plus de 20 000 personnes pour un deuxième mois d'affilée.

Mince consolation, le salaire horaire moyen des employés permanents affichait une hausse annuelle de 3,3%, la plus élevée en plus d'un an. Cela reflète la difficulté de recrutement dans certaines industries.

États-Unis

Sans être éclatante, la situation canadienne de l'emploi reste meilleure que celle des États-Unis où le nombre d'embauches a été limitée à 80 000 alors que la prévision médiane penchait pour 100 000. Ce chiffre décevant fait suite aux 77 000 de mai et aux 68 000 d'avril. La moyenne du trimestre est de 75 000 emplois par mois, contre plus de 200 000 entre novembre et mars.

«Trois mois consécutifs de création de moins de 100 000 emplois ne donneront pas assez de support pour espérer se sortir de cette léthargie économique», soutient François Barrière, vice-président développement des affaires, marchés internationaux à la Banque Laurentienne.

Le taux de chômage est demeuré à 8,2%, soit un point de pourcentage de plus que le taux canadien. Si le Canada faisait comme les États-Unis, en fixant à 16 ans plutôt que 15 le seuil d'entrée dans la population active, alors son taux de chômage serait de 6,3%, calcule Statistique Canada.

Le taux de 8,2% masque une réalité plus sombre encore. Le taux effectif de chômage, qui prend aussi en compte l'état des travailleurs qui détiennent un emploi à temps partiel alors qu'ils en désirent un à temps plein, est passé de 14,8% à 14,9%. Il s'agit d'une deuxième hausse d'affilée.

Autre signe de la faiblesse: le taux d'activité des 16 ans et plus, qui regroupe les détenteurs et les chercheurs actifs d'emploi, se situe près de son creux de 30 ans à 63,8%.

Au Canada, il atteint 66,7%. Au Québec, 65,1%.