La déficience des infrastructures routières est montrée du doigt pour expliquer le recul de la compétitivité de la région de Montréal, selon des dirigeants d'entreprises locales et étrangères qui y sont établies. Après l'échangeur Turcot et le pont Champlain, la Chambre de commerce du Montréal métropolitaine (CCMM) s'inquiète maintenant de l'état du boulevard Métropolitain.

La Chambre a dévoilé hier les résultats d'une étude sur la compétitivité de l'environnement d'affaires de la région. Le message des gens d'affaires est on ne peut plus clair à l'endroit du gouvernement provincial.

«Débloquons des projets, dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM. Débloquons la navette ferroviaire entre le centre-ville et l'aéroport. Toute métropole dynamique a un lien rapide entre son centre-ville et son aéroport.»

«Débloquons le projet de la réfection du boulevard Notre-Dame, poursuit-il. Il n'y a aucun sens que la principale voie d'accès vers l'est de l'île soit toujours dans les cartons et jamais réalisée. Ne tardons pas sur Métropolitain. Éventuellement, il faudra travailler sur Métropolitain, qui prend de l'âge. Maintenant que Turcot est enclenché, il faut commencer à réfléchir aux autres infrastructures et ne pas attendre un point critique.»

L'étude de la CCMM se fonde sur les réponses de 103 dirigeants d'entreprises situées dans la métropole, dont 70% sont des filiales d'entreprises étrangères.

Ceux-ci considèrent à 94% que l'environnement d'affaires a stagné ou s'est détérioré durant les cinq dernières années. Plus d'un tiers des répondants estiment que le climat s'est détérioré à Montréal.

«Montréal est en panne»

Outre le piètre état de nos ponts et chaussées, les dirigeants nomment la productivité et la disponibilité de la main-d'oeuvre comme les principaux désavantages de la région quant à la compétitivité de leur entreprise.

Montréal souffre d'un retard au chapitre de la scolarité de sa main-d'oeuvre par rapport aux grandes villes nord-américaines. En fait, son capital humain est le plus faible de toutes les grandes villes d'Amérique du Nord. Aucun revirement n'est en vue, selon la Communauté métropolitaine de Montréal. En 2009, la part des diplômes universitaires dans la population active de 25 à 64 ans s'élève à 37,8% dans les 26 principales régions métropolitaines américaines, à 35,9% dans les grandes villes canadiennes, mais à 31,0% seulement à Montréal. Le taux de fréquentation scolaire des jeunes de 15 à 19 ans est aussi plus bas à Montréal de près de cinq points de pourcentage par rapport à la moyenne de 26 grandes villes américaines.

L'étude sur la compétitivité de la CCMM vient faire échos aux constats inquiétants du Conference Board sur l'économie régionale qui ont mené cet organisme à créer un «Plan Sud» pour Montréal, dont les grandes lignes ont été rendues publiques vendredi à l'occasion d'un atelier sur Montréal organisé par l'Institut de développement urbain du Québec.

«Le moteur de l'économie du Québec est en panne», a dit à cette occasion Mario Lefebvre, directeur du Centre des études municipales du Conference Board du Canada.

La région de Montréal, ce qui veut dire environ 40% de la population québécoise, a perdu 100 000 personnes au profit des autres régions du Québec depuis 10 ans. «Montréal est la seule région métropolitaine de recensement au Canada d'au moins 1 million de personnes dont la croissance de la population est inférieure à la moyenne nationale depuis 25 ans», a indiqué M. Lefebvre.

Pire, son taux de chômage, à 9%, est plus élevé que celui en vigueur ailleurs au Québec, à 6%. «Cette inversion est unique dans le monde, à l'exception de Manchester, en Angleterre, a souligné Marcel Côté, économiste et fondateur de Secor, qui participait lui aussi au débat. Normalement, le taux de chômage est toujours plus bas dans la grande ville que dans les régions», a-t-il enchaîné.

De son côté, l'île de Montréal, avec un taux de chômage de 10,6%, en mai 2012, est au deuxième rang parmi les 17 régions administratives du Québec après Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, à 12,5%. La moyenne provinciale est à 7,8%.

«Ça va prendre combien de points d'écart avant que le reste du Québec se soucie de Montréal?», s'est demandé à voix haute Marcel Côté.

1. Qualité des infrastructures routières

2. Coûts de la main-d'oeuvre

3. Disponibilité de la main-d'oeuvre

4. Niveau de taxation