L'activité du secteur manufacturier s'est fortement contractée en mai dans la zone euro, retombant à son plus faible niveau depuis l'été 2009 et attestant de la sévérité de la crise en particulier en Espagne, indique la société Markit.

Le PMI manufacturier s'est établi à 45,1 points en mai contre 45,9 points le mois précédent, selon Markit qui a publié vendredi une seconde estimation de cet indicateur de conjoncture considéré comme fiable par les analystes.

Une première estimation avait donné l'indice à 45 points.

«Si le taux de contraction reste loin des niveaux élevés observés au pic de la crise de 2008-2009, la conjoncture se détériore néanmoins à un rythme alarmant», estime Chris Williamson, chef économiste pour le cabinet Markit.

En cause: «les effets néfastes sur l'économie réelle des crises politiques et financières» qui ont lourdement pesé sur la production et les nouvelles commandes dans le secteur manufacturier, souligne l'économiste.

Cette aggravation de la crise concerne les pays les plus fragiles de la zone euro comme ses quatre principales économies: à l'exception de l'Autriche (indice PMI à 50,2) et de l'Irlande (indice à 51,2), tous les autres pays couverts par l'enquête s'inscrivent en zone de contraction, soit en-deçà de 50 points.

Au-dessus de 50 points, l'indice PMI signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se contracte s'il est inférieur à ce seuil.

Dans le détail, l'Indice PMI affiche son plus faible niveau depuis l'été 2009 en Allemagne (45,2), en France (44,7) et en Espagne (42 points).Fait inquiétant: pour la première fois depuis janvier 2010, la Grèce n'est plus en queue du classement des pays de la zone euro et cède sa place à Madrid.

En Italie (44,8) et en Grèce (43,1), les taux de repli fléchissent légèrement, mais restent supérieurs à la moyenne enregistrée dans la zone euro.

Les retombées sur l'emploi ne se sont pas fait attendre puisque les réductions d'effectifs se renforcent en Allemagne, en France, en Espagne et aux Pays-Bas, souligne Markit.

Au final, ces données devraient se traduire par «une baisse trimestrielle de la production d'environ 1%, qui, si elle se confirmait, devrait entraver fortement la croissance économique de la zone euro au deuxième trimestre», indique Markit.

Seule lueur d'espoir: «la baisse de l'euro devrait cependant stimuler les échanges commerciaux», note M. Williamson, y voyant une bonne nouvelle pour les exportateurs, «durement touchés par la conjoncture économique actuelle».