Est-ce la venue de l'entreprise française OVH à Beauharnois? Les surplus qui continuent de s'empiler chez Hydro-Québec? Ou les exportations d'électricité qui ne rapportent plus autant?

Toujours est-il qu'un intérêt nouveau se manifeste au Québec pour les centres de données informatiques. Un comité formé d'Investissement Québec, de Montréal International et d'Hydro-Québec a entamé des discussions sur le potentiel de cette industrie en forte croissance et sur l'opportunité de faire des efforts pour l'attirer ici.

Investissement Québec trouve que c'est un secteur prometteur et Montréal International en est convaincu.

L'industrie a changé, explique Élie Farah, vice-président Investissement Grand Montréal de l'organisme de promotion économique. Le défaut qu'on lui reprochait, soit de ne pas créer beaucoup d'emplois par mégawatt consommé, n'est plus aussi évident, selon lui.

L'arrivée de l'entreprise française OVH en est un bon exemple, précise M. Farah lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

Le premier hébergeur européen ne fait pas que stocker des données. Il fabrique ses propres serveurs et fait de la recherche-développement. Aussi, grâce à la technologie qu'il a développée, OVH a réduit au minimum sa consommation d'énergie.

L'entreprise paiera le tarif industriel d'Hydro-Québec d'électricité, mais sa consommation sera inférieure au seuil critique des 50 mégawatts.

En deçà de 50 mégawatts, Hydro-Québec est obligée de desservir tout nouveau client qui en fait la demande. Au delà de ce seuil, la décision revient au gouvernement, qui doit donner son accord et il s'assure d'abord que les mégawatts requis se traduisent en retombées économiques.

Jusqu'à maintenant, aucun supercentre de données informatiques qui aurait nécessité la bénédiction du gouvernement québécois n'a élu domicile au Québec. Il n'existe aucun programme pour les attirer, encore moins d'incitatifs fiscaux ou autres.

Comment expliquer que plusieurs États américains se les arrachent? «Les États-Unis ont une approche différente quand vient le temps d'évaluer les retombées économiques», avance prudemment Élie Farah.

Il donne l'exemple des petites villes américaines qui ont mis le paquet pour attirer Google et qui s'en servent comme levier pour diversifier leur économie.

Un impact positif

Selon une étude réalisée par Secor pour le compte d'Hydro-Québec, tous les centres de données informatiques ne sont pas égaux, mais la plupart d'entre eux génèrent des retombées économiques positives.

Même en tenant compte du fait que les nouvelles centrales produisent de l'électricité qui coûte 10 cents par kilowattheure et que ces clients paieraient la moitié de ce prix, soit 5 cents le kilowattheure, le Québec serait gagnant, selon cette étude.

Il suffit de choisir soigneusement les projets, estime le représentant de Montréal International, qui est particulièrement fier d'avoir attiré OVH. C'est déjà payant, selon lui. «Pour cette année seulement, les retombées économiques de ce projet seront d'environ 10 millions» précise-t-il, uniquement dans l'aménagement du site.

Le maire de Beauharnois, Claude Haineault, ne le contredira certainement pas. La ville, qui a hérité de l'usine de Rio Tinto Alcan, l'a donnée à OVH, plutôt que d'essayer de la vendre. Valeur du don: 1,8 million.

Le maire est convaincu d'avoir ouvert une nouvelle avenue de développement économique pour sa ville. Les centres de données comme celui d'OVH ne sont pas seulement des consommateurs d'électricité. Ils créent de la valeur, estime-t-il.

Plus, en tout cas, que les milliards qu'Hydro-Québec veut investir dans des lignes de transport d'électricité aux États-Unis, dit le maire Haineault.

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