Paradoxe: la science, qui semble si contrainte et rigide, peut vous aider à améliorer votre créativité.

«Je crois que c'est possible, lance le Dr Rex Jung, neuropsychologue et professeur adjoint de neurochirurgie à l'Université du Nouveau-Mexique. Nous commençons à apprendre quelques trucs et techniques qui nous permettent de faire émerger la créativité dans notre cerveau.»

En voici la formule simplifiée.

«La première chose à savoir, c'est que vous ne pouvez pas faire surgir la créativité du néant, indique-t-il. Vous devez choisir un domaine et être créatif dans cette activité. Un écrivain met des années à appendre les techniques d'écriture et comment les utiliser de façon intéressante. Cette préparation est essentielle.»

Vient ensuite la phase d'incubation. Elle devient plus propice à l'éclosion des idées lorsque le lobe frontal subit une «régulation négative» temporaire, c'est-à-dire une forme de mise au repos, de ralentissement fertile.

«Lorsqu'on induit une régulation négative dans le lobe frontal et qu'on passe de l'acquisition de connaissances à l'extrapolation et à la circulation des idées, que ce soit ailleurs dans le cerveau ou ailleurs dans l'univers extérieur, vous établissez de nouveaux liens avec d'autres concepts, d'autres personnes», décrit le Dr Jung.

Illumination

C'est alors que survient le moment magique de l'illumination.

Il s'agira ensuite de tester cette nouvelle idée «et surtout de persévérer, insiste-t-il. Car règle générale, les gens résistent au changement».

«Ce processus de préparation, d'incubation, d'illumination et de vérification, qui est un très vieux concept, est confirmé par les recherches sur le cerveau et le comportement», soutient-il.

Mais il est difficile de susciter ces moments privilégiés, alors que le lobe frontal est constamment sollicité.

«La plus importante suggestion que je puisse faire est de trouver du temps libre pour laisser les idées percoler, de manière à ce qu'elles puissent émerger, recommande le chercheur. Chaque personne doit découvrir ce qui lui convient. Pour ma part, j'aime tondre ma pelouse. C'est une manière de m'engager dans une activité physique, pendant que mon esprit vagabonde librement.»

C'est tout le contraire des séances organisées de créativité en groupe. «Je crois qu'elles sont intéressantes, mais quand on réunit des gens pour les inciter à être créatifs, ils passent souvent plus de temps à essayer de se conformer à la norme du groupe, quelle qu'elle soit, dit-il. Il faut prendre des risques pour être créatif. C'est souvent plus efficace seul, ou dans un groupe antagoniste.»