Le vote se fera par la poste aux prochaines élections syndicales dans l'industrie de la construction. Il s'agit d'un changement majeur introduit par la loi 33, connue autrement pour l'abolition du placement syndical. La campagne électorale qui bat son plein jusqu'au 3 juin survient au moment où l'industrie est l'objet d'une commission d'enquête sur l'attribution et la gestion des contrats publics.

Auparavant, le vote syndical se faisait en personne. Mais comme les travailleurs qui s'abstiennent de voter sont réputés maintenir leur allégeance syndicale, les syndiqués qui se déplaçaient télégraphiaient leur mécontentement à l'égard de leur précédente association syndicale. Dans les circonstances, certains syndiqués pouvaient hésiter à exercer leur droit de vote.

Conséquence: les résultats variaient peu d'un scrutin à l'autre. Par exemple, entre les scrutins de 2006 et 2009, les résultats ont bougé de 1 point de pourcentage pour les quatre principales organisations syndicales. Dans le détail, 12 341 travailleurs avaient voté en 2009 sur 160 561 électeurs, soit un taux de participation de 7,7%. Cette année, plus de 173 000 travailleurs ont le droit de vote.

Actuellement, les centrales font la tournée des régions. La période de maraudage a commencé le 1er mai et se terminera le 3 juin. La CSN-Construction était à Sherbrooke hier.

Dans un entretien, son président, Aldo Miguel Paolinelli, ne pouvait dire si les nouvelles règles en vigueur allaient provoquer une hausse de participation au scrutin. «Bien malin celui qui pourrait prédire ça, dit-il. Il se peut que plus de gens aillent voter cette année à cause du mode de scrutin ou en raison du contexte qu'on vit dans la construction depuis quelques années qui peut avoir rendu mécontent un bon nombre de travailleurs», dit M. Paolinelli, en faisant allusion aux allégations de collusion et de corruption qui ont secoué l'industrie.

La CSN-Construction, qui représente actuellement 10,6% des travailleurs, fait campagne pour la sécurité d'emploi dans le cadre de l'élaboration d'un nouveau système de placement de la main-d'oeuvre placé sous l'égide de la Commission de la construction du Québec (CCQ). «Un des moyens à notre disposition est de négocier des clauses qui permettent d'éviter l'arbitraire patronal à l'embauche et lors des mises à pied, dans les conventions collectives», fait savoir la centrale par voie de communiqué. La CSN-Contruction appuie le nouveau système de placement de la main-d'oeuvre contrairement au Conseil provincial des métiers de la construction (International) et à la FTQ-Construction.

Principale force syndicale de la construction, la FTQ-Construction, qui représente 44% des travailleurs, a tenu une assemblée d'information à Jonquière hier soir. La centrale mise sur trois thèmes, dont la santé et la sécurité au travail, pour convaincre les syndiqués de se joindre à elle.

Il est à noter que la sollicitation électorale ne peut se faire directement sur les chantiers. L'employeur n'a pas non plus à s'en mêler. En cas de comportements interdits, des plaintes peuvent être déposées à la Commission de la construction du Québec.

Jusqu'à maintenant, la CCQ a reçu 12 plaintes à ce sujet, soit sensiblement le même nombre qu'en 2009, au cours de la précédente période de maraudage, indique Louis-Pascal Cyr, porte-parole de la CCQ.

Autre changement provoqué par la loi 33, les cinq associations syndicales participeront au processus de négociation, peu importe le nombre de voix reçues. Auparavant, les centrales représentant une majorité de travailleurs négociaient pour l'ensemble des travailleurs à la table de négociations.

La durée des nouvelles conventions collectives sera de quatre ans, au lieu de trois. Le présent contrat de travail arrive à échéance le 30 avril 2013. Le vote par la poste se déroulera du 4 au 25 juin prochains.

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Résultats du précédent scrutin en 2009

> FTQ-Construction 42,9%

> Conseil provincial (International) 26,1%

> CSD-Construction 14,1%

> CSN-Construction 10,6%

> Syndicat québécois de la construction 6,3%

Source: CCQ