La firme montréalaise IBS Capital a eu la main heureuse et a pu obtenir, pour ses clients du Québec et de l'Ontario, des actions particulièrement convoitées ces jours-ci de l'entreprise Facebook. Celles-ci sont toutefois réservées à sa clientèle, un public aussi fortuné qu'averti.

Les Canadiens n'ont pas accès aux nouvelles actions de Facebook. L'entreprise, qui compte sur une forte demande pour ses actions, a déposé son prospectus d'émission seulement aux États-Unis pour minimiser les frais. Il lui aurait en outre fallu traduire ses documents en français si elle avait voulu servir ses «amis» québécois. Ils doivent donc attendre l'inscription effective de ces actions à la Bourse Nasdaq, prévue vendredi prochain, s'ils veulent participer à la fête. Le prix de l'action aura à ce moment probablement monté et de beaucoup, s'il faut en croire le battage médiatique autour de cette émission, de même que la petite histoire boursière des titres technologiques.

IBS, en collaboration avec la firme new-yorkaise Joseph Gunnar & Co, a pu mettre la main sur des actions de Facebook sur le marché secondaire, avant son appel public à l'épargne. Ces actions ont été distribuées aux investisseurs québécois et ontariens fortunés par l'entremise du fonds d'investissement Buttonwood Social Network.

Les fonds Buttonwood visent à acquérir des actions de compagnies privées agissant dans les secteurs des médias sociaux, des communications et des médias digitaux, avant même leur premier appel public à l'épargne.

De la même manière, le fonds Buttonwood Select Opportunities propose présentement des actions de Twitter (le microblogage en 1450 caractères) et de Dropbox, un site où stocker, synchroniser et partager des fichiers en ligne. L'investisseur a le loisir de déterminer lui-même la pondération de ces titres technos de l'heure, dans son portefeuille.

«Ce sont des actions acquises ces derniers mois et avant les Fêtes, auprès de dirigeants de ces entreprises, sur le marché hors-cote», précise Nicolas Beauchamp, courtier sur le marché dispensé, d'IBS Capital. Impossible d'en connaître le prix d'achat, pour des raisons de confidentialité. Il n'y a pas de limite d'inventaire, par ailleurs, «pas tant que nous pouvons trouver une contrepartie sur le marché secondaire», précise-t-il. Pour Facebook, on affiche complet.

Les unités du fonds sont vendues par mémorandum et non par prospectus. Il s'agit en effet d'un produit s'adressant exclusivement à des investisseurs qualifiés, c'est-à-dire aux grandes fortunes. Bien que ce concept soit aussi appliqué par les autorités canadiennes des marchés financiers, IBS applique la définition la plus restrictive soit celle utilisée par la Securities Exchange Commission aux États-Unis. En gros, il faut avoir un actif net de 5 millions de dollars, excluant la valeur de la maison. L'investissement minimum dans le fonds est de 100 000$.

«Il y a beaucoup de curiosité vu la nature des compagnies en question, commente Claude Delage, courtier sur le marché exempté chez IBS Capital. Toutefois, l'accès est très limité. Non seulement il faut être un investisseur qualifié, mais il faut aussi être un investisseur averti dans un domaine de pointe, les médias sociaux. On ne remplit pas le Stade olympique avec ça.» Ce qui est un énorme euphémisme, on aura compris.