Yona Shtern est l'un des deux associés derrière Beyond the Rack, l'un des grands succès québécois sur le web. Il a fondé l'entreprise la semaine même où naissait Grace... son cinquième enfant.

De la pure folie?

«Ma vie est le reflet de deux grands partenariats, explique M. Shtern. Le plus important est celui entre mon épouse et moi. L'autre, entre mon partenaire d'affaires et moi.»

Le président et chef de la direction de Beyond the Rack ne se raconte pas d'histoires: sa famille, il admet avoir peu de temps à lui consacrer.

«Je voyage beaucoup. Je travaille de longues heures. Et même lorsque je suis à la maison, je travaille. En vacances, ma famille est habituée de me voir marcher autour de la piscine avec mon téléphone sur l'oreille, en train de participer à une téléconférence.»

Beyond the Rack, qui offre des vêtements griffés à prix d'aubaine sur le web en gérant les surplus de stock des fournisseurs, a vu ses revenus exploser de 0 à 150 millions en moins de quatre ans. Un tel succès ne tombe pas du ciel: il requiert une dose de travail titanesque.

Pour rendre la chose possible, Yona et sa femme Nathalie ont fait une entente. Lui irait tenter sa chance dans l'aventure de l'entrepreneuriat technologique. Elle resterait à la maison pour s'occuper des enfants.

«C'est une décision que nous avons prise en commun, et pas à la légère, dit Yona Shtern. Nous savions que nous faisions tous les deux des sacrifices, et que nous allions tous deux travailler extrêmement fort.»

Au moment d'établir ce partenariat, Nathalie Shtern était bien loin de rêver d'être mère au foyer. Elle planchait plutôt sur un doctorat en psychologie, un projet qu'elle n'a jamais terminé.

«C'est un manque de ne pas travailler, absolument, dit-elle aujourd'hui. Dans un sens, j'ai sacrifié ma carrière. Mais les bénéfices sont tellement évidents - on a cinq enfants merveilleux.»

Lorsque son fils Jake a reçu un diagnostic de leucémie, Mme Shtern a fondé avec lui le fonds Comfy Cozy Fund, qui vient en aide aux jeunes patients atteints de la maladie. Aujourd'hui, Jake est guéri et en pleine forme. Mais Mme Shtern demeure directrice de l'organisme.

«Je suis sur plusieurs comités, plusieurs conseils d'administration. Ça me permet de me sentir comblée au point de vue intellectuel», dit-elle.

Yona, de son côté, ne sait que trop bien qu'il manque de précieux moments en famille en sautant dans un avion toutes les deux semaines.

«Je suis voyageur Super Élite, mais je ne présente pas ça comme un trophée, dit-il. Il y a un coût énorme à ça et j'en suis conscient. Mais c'est un choix que nous avons fait ensemble. Et une fois que ce choix est fait, il faut faire ce qu'il y a à faire.»