La Banque centrale australienne a annoncé mardi une baisse de 50 points de base de ses taux directeurs, à 3,75%, à la faveur d'une faible inflation qui permet de diminuer le loyer de l'argent pour soutenir l'activité dans un contexte de ralentissement mondial.

Il s'agit de la première mesure corrective de la Reserve Bank of Australia (RBA) depuis les deux baisses de novembre et décembre 2011, d'un quart de point à chaque fois, et de la baisse la plus franche depuis celle de 100 points de base décidée en février 2009 en pleine crise financière mondiale.

Cette baisse était largement attendue alors que la hausse des prix à la consommation n'a progressé que de 0,1% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, et de 1,6% sur un an, contre 3,1% en moyenne pour l'année 2011.

Les analystes avaient toutefois tablé sur un abaissement de 0,25% seulement.

Le gouverneur de la RBA, Glenn Stevens, a pris acte du ralentissement de l'activité en Chine dont l'industrie est fortement consommatrice de matières premières australiennes (charbon, minerai de fer, etc.).

«La croissance chinoise s'est ralentie, comme prévu, et devrait observer un rythme plus mesuré et durable à l'avenir» tandis que la conjoncture dans les autres pays asiatiques «s'est tassée», a-t-il indiqué.

La crise des dettes souveraines en zone euro et les signes contradictoires d'un rebond de l'économie américaine constituent d'autres motifs d'inquiétude sérieuse justifiant un relachement des conditions de crédit, selon eux.

«L'Europe restera une source potentielle de chocs négatifs pour quelque temps encore», a-t-il prévenu.

Pour le ministre des Finances Wayne Swan, cette décision était particulièrement escomptée par les ménages et les petites entreprises.

Il a exhorté les banques commerciales à répercuter la baisse dans leurs propres taux de prêt.

Depuis plusieurs années, l'Australie bénéficie de la très forte demande des pays émergents (Chine et Inde notamment) en matières premières qu'elle possède en abondance.

Ce boom des matières premières lui a ainsi permis d'échapper à la crise financière de 2007/08 --seul grand pays occidental à y parvenir.

Canberra table sur une croissance de 3,25% sur l'exercice budgétaire 2011/12, mais certains pans de l'activité (tourisme, industrie manufacturière) pâtissent de la cherté du dollar australien.

Depuis plusieurs mois, certains économistes mettaient en garde contre le développement d'une économie à deux vitesses: d'un côté le secteur minier qui profite de l'appétit des pays émergents et de la flambée des cours des matières premières, et de l'autre les secteurs plus sensibles aux variations conjoncturelles des économies matures.

Pour Shane Olivier, chef économiste à AMP Capital Investors, la décision de la RBA montre que celle-ci «tente de corriger le tir».

«La RBA a enfin résolu de redresser la barre et d'inverser le resserrement monétaire de facto que nous avons vu depuis le début de l'année (...) et de s'attaquer au fait que l'économie non-minière en Australie connaît des difficultés», a-t-il estimé.