Le groupe pharmaceutique Roche fera de l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM) son pôle mondial de recherche sur les maladies cardiométaboliques. Une annonce susceptible d'engendrer des millions en retombées pour le centre hospitalier montréalais.

En lui attribuant ce statut, Roche confirme en effet son intention de financer des recherches à l'ICM qui iront de la gestion d'études cliniques au développement de biomarqueurs associés à la santé cardiovasculaire. «Le partenariat est à multiples facettes», confirme Jean-Claude Tardif, cardiologue clinicien et directeur du Centre de recherche de l'ICM.

Selon lui, si l'Institut devient le partenaire d'une pharmaceutique, c'est parce qu'il dispose entre autres depuis une dizaine d'années d'un centre consacré à la coordination d'essais cliniques. Grâce à lui, l'ICM agit en partie à titre de sous-traitant pour les entreprises des secteurs de la biotechnologie et de la pharmaceutique.

De 3 à 200 emplois

«Quand on l'a créé il y a 10 ans, il y avait 3 employés, souligne Jean-Claude Tardif. Maintenant, il y en a plus de 200, et ces 200 emplois sont dans la vaste majorité occupés par des gens qui ont des diplômes de maîtrise ou de doctorat.»

Parmi les entreprises qui ont financé indirectement ces emplois, on compte Roche qui fait affaire avec l'ICM depuis maintenant cinq ans. L'entreprise helvète a d'ailleurs confié à l'ICM la gestion de trois études cliniques d'envergure qui vérifient l'efficacité de deux médicaments, le dalcetrapib et l'aleglitazar, dans lesquels elle fonde beaucoup d'espoir. En plus de lui confier la gestion de nouvelles études cliniques, Roche compte financer la mise au point d'outils moléculaires qui amélioreront la précision du diagnostic de patients à haut risque de contracter une maladie cardio-vasculaire.

La recherche en impartition

C'est que Roche n'échappe pas à la tendance qu'ont les géants pharmaceutiques à externaliser leurs recherches. Pour augmenter la rentabilité de leurs investissements et accélérer le passage de l'innovation au traitement clinique, les pharmaceutiques se tournent de plus en plus vers des centres académiques ou hospitaliers comme l'ICM pour faire de la recherche. «Accéder à l'innovation extérieure est un élément essentiel de la stratégie d'innovation de Roche», a d'ailleurs expliqué par voie de courriel Ronnie Miller, président et chef de la direction de Roche Canada.

Selon Jean-Claude Tardif, le modèle mis de l'avant par l'ICM gagnerait à être reproduit. «C'est à mon avis ce nouveau genre de partenariat qui va faire qu'on va revitaliser l'industrie biopharmaceutique au Québec, dit-il. On est capables de générer de la nouvelle richesse, et on est en train de le montrer.»