33%. C'était le taux d'imposition réel des 1% des Canadiens les plus riches en 2010, selon l'Institut Fraser. C'est un taux plus élevé qu'aux États-Unis, où l'imposition des riches fait l'objet d'une controverse dans la campagne présidentielle américaine, après la publication des déclarations d'impôts fédérales de Mitt Romney et de Barack Obama.

Selon le Bureau du budget du Congrès américain (CBO), le taux réel d'imposition sur le revenu des 1% les plus riches était de 19% en 2007 au fédéral. S'ajoutent les impôts des États et de certaines grandes villes, ce qui augmente du tiers le taux d'imposition sur le revenu total, à 25%. Au Canada, seuls les gouvernements provinciaux et fédéral prélèvent un impôt sur le revenu.

Le système américain est même régressif quand on examine le taux d'imposition sur le revenu des ménages encore plus riches. Les 400 individus les plus riches des États-Unis paient proportionnellement moins d'impôt que les 1% les plus riches ; leur taux était de 18% en 2008, selon le CBO.

Le Canada a un système plus progressif: les 10% les plus riches ont un taux d'imposition sur le revenu de 31% et les 20% les plus riches, de 23%.

Le taux d'imposition fédéral réel de Mitt Romney est de 15% et celui de Barack Obama, de 20%. À cela il faut ajouter l'impôt sur le revenu de Washington, 8,95%, et du Massachussetts, 5,3% (Boston n'a pas d'impôt sur le revenu). Les riches Américains sont avantagés par rapport aux Canadiens à cause d'un traitement plus favorable des revenus d'investissement, selon Finn Poschmann, vice-président à la recherche de l'Institut CD Howe, à Toronto.

Le taux d'imposition des revenus d'investissement est de 15% aux Etats-Unis, contre un maximum de 35% pour les revenus d'emploi. Au Canada, c'est le taux d'imposition normal qui s'applique, mais la moitié des revenus d'investissement sont exempts d'impôts. À noter, le gouvernement recueille sensiblement la même somme d'impôts pour les revenus d'emploi et pour les revenus d'investissement: une entreprise peut déduire de son revenu brut les salaires qu'elle verse à ses employés, alors que les dividendes et autres revenus d'investissement proviennent des revenus après impôts des entreprises.

Ce traitement favorable des revenus d'investissements aux États-Unis explique en partie l'aisance beaucoup plus grande des riches Américains. Les 5% des Canadiens les plus riches avaient, en 2004, 96 000$ de revenus, contre 416 000$ aux États-Unis, selon une étude de 2007 de Statistique Canada (en dollars canadiens ajustés en fonction du pouvoir d'achat). Chez les 0,01% les plus riches, le revenu moyen était de 8,4 millions au Canada et de 26 millions aux États-Unis. M. Poschmann note que comme les entreprises sont plus grandes aux États-Unis, les riches ont accès à des postes mieux rémunérés.

«L'inégalité a augmenté au Canada, mais moins qu'aux États-Unis», conclut M. Poschmann. Le revenu moyen a stagné au Canada pour la classe moyenne entre 1982 et 2004, mais il a augmenté de 30% pour les 10% les plus riches et il a doublé pour les 1% les plus riches. L'essentiel de l'augmentation est survenu après 1992.