L'an dernier, la croissance de l'économie canadienne avait connu bien des hauts et des bas pour donner au final une expansion de 2,5%.

Cette année, la Banque du Canada s'attend plutôt à une expansion de 2,4%, sans variation trimestrielle significative.

Dans l'édition printanière de son Rapport sur la politique monétaire (RPM), elle fait néanmoins preuve d'un peu d'audace en portant de 1,8% à 2,5% son évaluation de l'expansion au premier trimestre, ce qui paraît élevé à la lumière des données jusqu'ici disponibles et nettement supérieur au pronostic médian des prévisionnistes.

Les ventes des manufacturiers accusent ainsi deux replis d'affilée, en janvier et février.

Pour 2012, la consommation des ménages devrait assurer 1,3 point de pourcentage de l'expansion, le logement 0,3 point, les investissements fixes des entreprises 0,9% tandis que l'apport des administrations publiques sera nul.

Bref, la demande intérieure finale devrait croître de 2,5% cette année.

Le solde des exportations et des importations sera légèrement positif (0,2 point), mais le déstockage devrait retrancher 0,3 point.

Pour 2013 et 2014, l'effet des variations des stocks sera nul. En revanche, l'apport de la demande intérieure finale et des exportations nettes diminuera quelque peu.

La forte contribution des ménages à l'expansion depuis plusieurs années déjà de même que pour 2012, 2013 et 2014, et l'augmentation de leur endettement inquiètent la Banque depuis quelque temps déjà.

Dans le RPM, elle se penche particulièrement sur la question en mesurant l'extraction de liquidités de l'avoir foncier par l'entremise des marges de crédit hypothécaires. Cette extraction est passée de 8 milliards de dollars en 2001 à 64 milliards en 2010. Plus de la moitié de cet argent aurait servi à de la consommation courante ou au remboursement de dettes liées à la consommation dont le service était plus coûteux.

«On ne peut indéfiniment financer une hausse de la consommation par l'extraction de liquidités de l'avoir propre foncier, préviennent les autorités monétaires. Les propriétaires qui auront entamé leur capital immobilier seront plus vulnérables à une baisse du prix des maisons, laquelle pourrait restreindre encore davantage la consommation.»

La faiblesse des exportations nettes du Canada pèse sur la balance de son compte courant tout en freinant l'expansion présente. La Banque estime que l'activité économique entre le Canada et les États-Unis est encore bien loin du niveau d'avant la récession.

Outre la force du dollar canadien et la compétitivité relativement faible des entreprises canadiennes, la crise du marché de l'habitation américain et la demande encore modeste pour les produits de l'automobile pèsent aussi sur les échanges commerciaux entre les deux pays.

Selon la Banque, la croissance américaine restera modeste au moins jusqu'au deuxième semestre de 2013, bien qu'elle la voit un peu plus élevé qu'en janvier (2,3% plutôt que 2,0% cette année). L'assainissement budgétaire et la poursuite de la réduction du levier d'endettement des ménages en sont les causes.

Au chapitre de l'inflation, les attentes paraissent bien ancrées, estime la Banque. Tant l'inflation globale que de base (sans les composantes les plus volatiles) devraient évoluer aux environs de 2% d'ici 2014.

«La projection de la Banque intègre une réduction de la détente monétaire se réalisant progressivement au cours de la période de projection, de façon compatible avec l'atteinte de la cible d'inflation», précise-t-elle.

Plusieurs économistes, de même que des parieurs sur le marché jugent désormais une première hausse de taux l'automne dernier. Depuis septembre 2010, le taux directeur de la Banque se situe à 1,0%.