La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a eu besoin de toute la fin de semaine pour passer au crible les documents de SNC-Lavalin, a appris La Presse.

La perquisition de la GRC au siège social de l'entreprise a débuté vendredi vers 10h15. Les employés ont alors été sommés de quitter les lieux, et l'accès à l'immeuble de 21 étages, boulevard René-Lévesque Ouest, a été bloqué. Seuls les principaux dirigeants de l'entreprise ont été retenus pour être interrogés dans des bureaux fermés.

Selon nos informations, les enquêteurs de la GRC ont poursuivi leur travail jusqu'à dimanche. Hier matin, les employés de la firme de génie-conseil sont rentrés au bureau pour reprendre leur travail normalement.

«C'était terminé dimanche, sauf pour une courte intervention [de la GRC] ce matin [lundi]», a confirmé la porte-parole de SNC-Lavalin, Leslie Quinton.

La multinationale a pleinement collaboré avec la GRC, affirme Mme Quinton, ce que nous a confirmé le corps policier. Durant la fin de semaine, une petite équipe de SNC-Lavalin a aidé la GRC à se retrouver dans la masse de documents papier et électroniques répartis dans les 19 étages de l'immeuble occupés par l'entreprise. L'essentiel des travaux se serait déroulé au 21e étage, celui de la haute direction.

La GRC n'a pas voulu donner de détails sur la nature de l'enquête. De son côté, SNC-Lavalin a indiqué vendredi dans un communiqué que la perquisition était liée à «certains individus qui ne sont pas ou plus à l'emploi de la Société».

Le 26 mars, la GRC avait confirmé faire enquête sur SNC-Lavalin lorsque l'entreprise avait révélé l'existence de mystérieux paiements de 56 millions pour des projets à l'international. Le PDG, Pierre Duhaime, avait dû quitter l'entreprise.

SNC-Lavalin a alors admis avoir perdu la trace des 56 millions versés à des agents intermédiaires pour deux projets dont elle a refusé de révéler la teneur. Il appert que le conseil d'administration de SNC-Lavalin a demandé l'intervention de la GRC en lien avec cette affaire.

Ces paiements avaient été approuvés par Riadh Ben Aïssa, ancien patron de SNC-Lavalin en Afrique du Nord, qui a été limogé le 9 février. Un vice-président aux finances, Stéphane Roy, a quitté la firme au même moment. SNC-Lavalin a alors laissé entendre que les deux hommes n'avaient pas respecté le code d'éthique de l'entreprise dans la conduite de leurs affaires.

Hier, le titre de SNC-Lavalin en Bourse a continué à être malmené. Il a progressivement reculé jusqu'à 37,41$ en milieu de journée, en baisse de 2,6%. Par la suite, il a amorcé une remontée progressive, atteignant 38,31$ à la fermeture, en baisse de 0,2% par rapport à vendredi. Mais le carnet de commandes de l'entreprise vaut quelque 10 milliards de dollars, un record.