Les nouvelles autorités libyennes ont entrepris de réviser tous les contrats signés avec des entreprises étrangères sous l'ancien régime, l'un des plus corrompus de la planète.

Le résultat de cette révision décidera de l'avenir de SNC-Lavalin [[|ticker sym='T.SNC'|]] en Libye.

Mais déjà, les dirigeants préviennent qu'ils prêteront une attention particulière aux contrats de la firme montréalaise, en raison des liens étroits qu'elle entretenait avec l'ancien play-boy de la famille Kadhafi.

«C'est une entreprise célèbre pour la corruption à cause de ses liens avec Saadi», affirme Ahmed Al-Abbar, responsable des affaires économiques au Conseil national de transition (CNT). «Avec son soutien, elle pouvait faire tous les travaux qu'elle voulait dans le pays.»

Cela dit, toutes les entreprises étrangères seront plus ou moins touchées par la révision des contrats, prédit le vice-premier ministre du gouvernement intérimaire, Mustafa Abushagur.

«Il est très difficile de croire qu'un seul de ces contrats n'ait pas contenu un élément de corruption. C'est comme cela qu'on faisait des affaires au pays. C'était la norme», dit-il.

Les entreprises ne seront pas chassées pour autant, précise-t-il. «Nous sommes prêts à renégocier les contrats signés sous l'ancien régime. Si les entreprises sont prêtes à travailler proprement, elles seront de nouveau les bienvenues chez nous.»

La porte n'est donc pas encore fermée pour SNC-Lavalin.

Mais son étroite collaboration avec Saadi pour mettre sur pied le Corps des ingénieurs libyen, unité de l'armée chargée de réaliser des travaux civils et militaires, risque de nuire à ses chances de décrocher des contrats au pays.

«Si des membres de l'ancien régime étaient partenaires de SNC-Lavalin, alors nous ne ferons certainement pas affaire avec cette entreprise puisqu'elle faisait affaire avec le diable», tranche M. Abushagur.

Créée en 2008, l'Agence d'exécution pour l'ingénierie et la construction était détenue à 60% par SNC-Lavalin et à 40% par le Corps des ingénieurs libyen, dirigé par Saadi. L'Agence pilotait divers travaux, le plus controversé étant la construction d'une prison à Gharyan, au sud de la capitale.