Que diriez-vous d'aller vous faire nettoyer les dents dans le cabinet d'une hygiéniste dentaire, sans la présence d'un dentiste, à un coût plus abordable? C'est possible presque partout au Canada, mais pas au Québec.

En Ontario, par exemple, les hygiénistes dentaires ont le droit depuis 2007 d'avoir leur propre bureau, où elles effectuent des nettoyages, blanchiments et détartrages, à des prix 20 à 30% inférieurs à ceux des cabinets de dentistes, selon l'Association canadienne des hygiénistes dentaires (ACHD). «Il y a 400 bureaux privés d'hygiène dentaire au Canada, dont 200 en Ontario. Près de la moitié offrent aussi des services mobiles, à domicile ou dans les résidences pour personnes âgées», explique Ann Wright, directrice de la pratique d'hygiène dentaire à l'ACHD.

Et pourquoi pas au Québec? Les hygiénistes doivent actuellement travailler sous la supervision d'un dentiste, mais elles réclament plus de latitude depuis plusieurs années. Elles se heurtent toutefois à un refus catégorique des dentistes. «Avant de poser un acte, il faut un diagnostic et un plan de traitement, et seul le dentiste est en mesure de faire ça, de voir s'il y a des problèmes plus importants,» affirme le Dr Barry Dolman, président de l'Ordre des dentistes du Québec.

«Il y a plusieurs services qui peuvent être offerts par les hygiénistes, sans que la présence du dentiste soit nécessaire. Les dentistes vont devoir lâcher du lest sur leur monopole», rétorque Diane Duval, présidente du Regroupement des hygiénistes dentaires du Québec (RHDQ), qui enseigne également au Cégep de l'Outaouais en techniques d'hygiène dentaire.

Le Bureau de la concurrence du Canada a d'ailleurs salué l'accroissement de la concurrence dans les provinces qui ont changé leur réglementation pour permettre aux hygiénistes dentaires de pratiquer sans la supervision d'un dentiste. C'est le cas dans toutes les provinces, sauf au Québec et à l'Île-du-Prince-Édouard.

L'Office des professions a formé, en 2011, un comité d'experts qui se penche sur l'organisation des soins dentaires dans la province. Les recommandations de ce comité sont attendues en juin.