La reprise économique gagne en vigueur, après la tempête qui a bien failli emporter la zone euro et faire replonger la planète dans la crise, mais une croissance à «plusieurs vitesses» se dessine, «soutenue» aux États-Unis, mais encore «faible» en Europe, estime jeudi l'OCDE.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est la première institution internationale à revoir à la hausse ses prévisions de croissance pour ce premier semestre 2012, dans les pays riches du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni).

La crise de la dette dans la zone euro s'est en effet apaisée depuis les précédentes prévisions du club des pays riches, qui n'excluait pas fin novembre que les plus sombres des scénarios deviennent réalité.

«Les perspectives à court terme se sont améliorées», mais «la reprise reste fragile», affirme désormais l'OCDE dans ses prévisions «intérimaires».

Globalement, «la croissance devrait s'affermir au premier semestre de l'année» dans le G7, explique son chef économiste Pier Carlo Padoan.

Selon cette étude, «les risques extrêmes ont diminué», notamment aux États unis, mais aussi en Allemagne, qui bénéficie d'un «apaisement des tensions dans la zone euro», même si les incertitudes n'ont pas disparu.

Passé ce constat, les situations se révèlent disparates.

L'OCDE relève ainsi un «découplage» entre «le Canada et les États-Unis d'une part, et l'Europe d'autre part», avec une croissance «soutenue» outre-Atlantique et «beaucoup plus modeste», «bien qu'à différentes vitesses», dans le Vieux Continent.

Aux États-Unis, le produit intérieur brut (PIB) devrait ainsi progresser, en rythme annualisé, de 2,9% au premier trimestre 2012 puis de 2,8% au deuxième trimestre (au lieu 1,7% et 1,9% dans les précédentes prévisions). Le rebond s'annonce également «fort» au Japon.

Les prix du pétrole menacent la reprise

En revanche, «la confiance reste médiocre dans l'ensemble de la zone euro», où la réduction des déficits «freine la croissance», explique l'organisation.

Au sein même des trois principales économies de la zone euro, le rythme de la reprise diffère. «L'activité pourrait s'accélérer en Allemagne au cours du premier semestre», avec une croissance en rythme annualisé de 0,1% au premier trimestre puis 1,5% au deuxième (contre -0,3% et +0,8% prévus précédemment).

En France, l'activité «devrait plutôt stagner» en cette première moitié d'année, selon le rapport, qui table toujours sur un recul du PIB de 0,2% en rythme annualisé de janvier à mars, puis un rebond de 0,9% au printemps. C'est un peux mieux que dans les dernières prévisions (-0,5% puis +0,7%), mais demeure atone.

L'Italie est sur une pente nettement plus négative, avec une récession attendue au moins jusqu'à mi-2012: -1,6% au premier trimestre puis -0,1% au deuxième en rythme annualisé (contre -0,8% et -0,6% prévus précédemment).

Sur le front de l'emploi aussi, les cycles divergent. «Le chômage a très récemment commencé à baisser rapidement aux États-Unis, alors qu'il reste obstinément élevé en Europe», a déclaré Pier Carlo Padoan lors d'une conférence de presse.

«Les prix du pétrole», qui «ont récemment flambé», «constituent une menace pour la reprise», prévient en outre l'OCDE. Selon ses experts, cela «devrait accroître l'inflation d'environ un quart de point» et «amputer de 0,1 à 0,2 point de pourcentage le PIB moyen» dans la zone OCDE l'an prochain.

Parallèlement, «les économies de marchés émergents s'essoufflent», avec «des signes récents de ralentissement», «notamment en Chine», estime l'organisation.

Pour consolider la reprise mondiale, l'OCDE appelle à maintenir «encore longtemps» des politiques monétaires de soutien à l'activité.