La création d'un des plus gros centres de données informatiques nord-américains à Beauharnois, qui a été annoncée le mois dernier par Montréal International et l'hébergeur français OVH, pourrait ne pas avoir lieu. Une loi française entrée en vigueur tard en 2011 pourrait forcer la direction d'OVH Canada à plier bagage et cesser tout développement à l'extérieur de la France.

En octobre dernier, afin de mener à terme le projet de créer un centre d'hébergement de données pour s'attaquer au marché nord-américain, OVH, un des plus gros hébergeurs européens, a envoyé son directeur général, Octave Klaba, en mission de 24 mois au Canada.

L'objectif est ambitieux: avec ses 360 000 serveurs une fois à terme, le centre de données ferait d'OVH un des plus importants hébergeurs de données dans le monde. Le projet d'une valeur estimée à 127 millions de dollars pourrait toutefois avorter, car pour respecter une loi française contre l'évasion fiscale, entrée en vigueur l'an dernier, M. Klaba pourrait être forcé de retourner chez lui dès le mois de mai.

Depuis 2011, la France perçoit ce qu'elle appelle un «exit tax», un impôt sur la valeur créée à l'étranger par les sociétés françaises. Mis en place pour lutter contre l'évasion fiscale, cet impôt comprend tout de même certaines exceptions permettant aux entrepreneurs de pouvoir s'expatrier pour développer leurs activités sans avoir à payer cet impôt.

Gouvernement français

Or, selon ce qu'indique l'hébergeur français, son directeur général ne parvient pas à bénéficier de ces exceptions, et ne pourra donc rester au Canada plus tard qu'en mai prochain. «Un coup de frein considérable à nos ambitions affichées de devenir numéro un mondial dans son marché», déplore-t-on chez OVH.

L'embauche de quelque 110 employés, de même que la réaffectation de l'ancienne aluminerie de Rio Tinto Alcan en un centre technologique seront ainsi mises sur la glace. Histoire d'éviter cette fin prématurée, l'organisme Montréal International, qui a attiré OVH à Beauharnois, essaie d'aider son partenaire français à trouver une solution à son problème. «C'est avec le gouvernement français que la question doit être réglée, mais nous tentons de conseiller et d'orienter M. Klaba vers les ressources appropriées pour poursuivre son projet d'investissement», explique un porte-parole.

Sur son site, l'entreprise publie une lettre ouverte à l'intention du président Nicolas Sarkozy, espérant que ça fera bouger les autorités françaises plus rapidement. «Dans un contexte économique où chaque initiative entrepreneuriale pour développer le savoir-faire à l'étranger compte, le groupe OVH a décidé d'en appeler au président de la République», conclut l'hébergeur français.