Astral négociait ferme pour acheter le réseau de télé généraliste V quand les négociations avec Bell ont pris le dessus, a appris La Presse Affaires.

Selon nos informations, le nouveau tandem Bell-Astral reste intéressé à acheter le réseau de télé des frères Rémillard. Son rival Quebecor possède un réseau généraliste francophone (TVA), mais pas lui. Astral Média aurait été prête à offrir environ 50 millions pour l'ex-TQS, acheté en faillite pour sept millions par les frères Rémillard en 2008. Bell avait aussi songé à acheter V il y a un an, avant de décider de ne pas poursuivre les discussions avec la famille Rémillard.

En conférence de presse hier, le grand patron de Bell, George Cope, a esquivé les questions au sujet de son intérêt pour V. «Nous avons été très actifs dans les acquisitions depuis quelque temps, mais cette fois, nous célébrons cette transaction (Bell-Astral)», a-t-il dit. Bell a-t-il absolument besoin d'une chaîne généraliste francophone pour concurrencer TVA? «L'acquisition d'Astral répond à tous nos besoins stratégiques au Québec et au Canada», répond Georges Cope.

Pas d'inquiétudes à Québec et Ottawa

Avec l'acquisition d'Astral, Bell (19 000 employés) devient le deuxième employeur privé le plus important au Québec à l'exception du commerce de détail, derrière Desjardins mais devant Quebecor (11 900 employés). George Cope, qui vit à Toronto, balaie les critiques selon lesquelles Bell n'est pas suffisamment présent au Québec. «Nous avons lancé notre réseau de fibre optique Fibe à Québec cette semaine, nous venons de faire cet investissement de 3,3 milliards de dollars, dit-il. Je ne peux pas imaginer quelque chose de plus excitant aujourd'hui que cette transaction.»

La ministre québécoise de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, n'est pas inquiète par cette «transaction très importante». «Je crois que Bell va continuer à être un bon citoyen corporatif, à avoir de bonnes relations avec le gouvernement, tout comme Astral», a dit Mme St-Pierre.

À Ottawa, le ministre fédéral du Patrimoine, James Moore, a soutenu que le dossier est entre les mains du CRTC. Le NPD s'est dit inquiet des conséquences de cette importante transaction. «La prise de contrôle d'Astral par Bell réduira la compétition et fera hausser les prix. Avec cette concentration de la presse, la production locale prendra un autre coup», a affirmé le député néo-démocrate Peter Julian.

- Avec Joël-Denis Bellavance