Un bond inespéré de 0,4 de la production réelle de biens et de services en décembre aura donné au Canada une croissance de 1,8% au dernier trimestre, en rythme annuel.

Cette excellente fin d'année a en plus donné de l'allant à la croissance cet hiver au point d'inciter quelques prévisionnistes à augmenter de quelques décimales leur pronostic pour le trimestre en cours.

En publiant ces chiffres hier, Statistique Canada a aussi révisé à la hausse l'expansion réelle du troisième trimestre qui affiche maintenant un bond de 4,2% contre 3,5% jusque là.

Au final, le Canada complète une année en dents de scie avec une expansion réelle de 2,5% en 2011. C'est moins que les 3,2% de 2010, mais c'est néanmoins la deuxième meilleure performance du G7 après les 3% de l'Allemagne. La première économie d'Europe a cependant trébuché au dernier trimestre avec un recul annualisé de 0,8%.

L'expansion réelle de l'économie américaine a été pour sa part contenue à 1,7%, en 2011, ce qui demeure deux dixièmes de mieux que celle de la zone euro. Les États-Unis ont toutefois connu un meilleur automne avec une expansion de 3,0%, en rythme annuel.

En 2011, la valeur de la production canadienne de biens et de services, ce que les économistes appellent le Produit intérieur brut nominal, a atteint 1718,69 milliards. Il s'agit d'une hausse de 5,8% sur celle de 2010.

La variation du PIB nominal représente l'expansion de l'assiette fiscale d'Ottawa. Les 5,8% de 2011 correspondent aux hypothèses du budget déposé l'an dernier par le ministre James Flaherty, juste avant les élections. Il prévoyait un déficit de 31 milliards qui sera sans doute toutefois bien inférieur quand il présentera son budget de 2012-2013, le 29 mars.

Au quatrième trimestre, l'expansion réelle de 1,8% de l'économie est le résultat d'une augmentation de 2,1% de la demande intérieure finale (DIF), de 0,7% des exportations nettes et d'une diminution de 1% de la contribution de la variation des stocks. C'est le deuxième trimestre d'affilée où les entreprises déstockent. «Les baisses des stocks ouvrent la voie à une future reconstitution», signale cependant Krishen Rangasamy, économiste à la Banque Nationale.

Au sein de la DIF, les dépenses de consommation ont augmenté de 2,9%, la construction résidentielle de 3,3%, les investissements des entreprises en immobilisations de 8,1% tandis que l'apport du gouvernement a diminué 3,3% à la faveur d'une chute de 19% des investissements publics.

À eux seuls, ils ont retranché 0,8 point à la croissance, calcule Emanuella Enenajor, économiste à la CIBC. «L'entrave gouvernementale à la croissance réelle au quatrième trimestre est la plus importante depuis 1994 alors qu'Ottawa menait un programme d'austérité sévère.»

C'était le troisième trimestre d'affilée de contribution négative du secteur public à l'économie, signe que les plans de relance sont complétés. C'est aussi, juge Paul Ferley, économiste en chef adjoint chez RBC «une bonne indication que ce repli s'est réalisé surtout en 2011 et qu'il devrait moins entraver 2012».

La variation de 0,4% du PIB réel en décembre, la meilleure en cinq mois, est de bon augure. Des gains de 0,9% ont été enregistrés dans les biens et de 0,3% dans les services. Seules l'agriculture et les ventes au détail ont enregistré des reculs, la fabrication y allant même d'un bond de 1,4% grâce à la forte demande américaine pour les produits automobiles qui ne s'est pas démentie en début de 2012.

Pour l'ensemble de 2011, le pouvoir d'achat des Canadiens, mesuré par la variation du revenu intérieur brut, a augmenté de 3,8%.

Cela aura stimulé la consommation des ménages qui a augmenté de 2,2%, au détriment du taux d'épargne personnelle qui diminue d'un point à 3,8%.

Le taux d'épargne canadien est par contre en augmentation de 1,3 point à 6,5% grâce au bond de 28% de l'épargne des sociétés.

Il faut dire que leurs bénéfices avant impôts ont bondi de 15% et correspondaient à 12,1% du PIB nominal. Le sommet de 13,9% remonte à 2008, mais elles s'en rapprochent.