La concurrence acharnée dans la téléphonie mobile au Canada a un «effet pervers»: elle conduit les opérateurs à accepter d'abonner les détenteurs d'appareils d'origine inconnue et profite ainsi aux voleurs de portables, selon plusieurs sources interrogées par l'AFP.

Indignée par cet état de fait, et par les violences qui accompagnent souvent le vol de portables, Maria Mourani, députée fédérale du Bloc Québécois (indépendantiste), a demandé récemment à Léonard Katz, président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), de modifier la réglementation en vigueur.

Il s'agit en substance, a-t-elle indiqué mardi à l'AFP, d'obliger chaque opérateur à tenir à jour un registre des téléphones cellulaires volés, d'interdire leur activation et surtout de communiquer ces renseignements à tous les autres fournisseurs de services, pour empêcher qu'un appareil volé ne puisse être réutilisé en changeant de réseau, comme c'est le cas actuellement.

Car contrairement au système de mise en commun des données existant en Europe, par exemple en France, ou encore en Australie, les opérateurs canadiens, comme leurs collègues américains, enregistrent les déclarations de vol, mais ne sont pas tenus d'en informer leurs concurrents, selon plusieurs entreprises du secteur interrogées par l'AFP.

Par conséquent, un voleur peut utiliser sans risque un appareil dérobé à condition de changer d'opérateur. Et les opérateurs en profitent car le nombre d'appareils en service augmente, les clients volés s'empressant de remplacer leurs téléphones.

L'instauration d'une base de données empêchant la réutilisation des appareils volés est techniquement possible, mais, selon le porte-parole de l'Association canadienne des télécommunications sans fil, Marc Choma, elle serait «d'une immense complexité».

Elle serait aussi très coûteuse dans un pays comptant 26 millions d'utilisateurs et une trentaine d'opérateurs d'importance très inégale, a-t-il estimé dans une conversation avec l'AFP.