Intéressé par l'acquisition d'un centre de recherche? Il faudra peut-être faire vite. Si les bureaux de Merck et d'AstraZeneca sont actuellement à vendre ou à louer, des projets se trament dans les coulisses pour donner un nouvel élan à ces infrastructures et relancer le secteur biopharmaceutique montréalais.

La première indication que des changements sont en vue provient d'une transaction qui pourrait mener à la vente prochaine des installations de Merck situées en bordure de l'autoroute Félix-Leclerc, à Kirkland.

Selon ce qu'a rapporté la semaine dernière le quotidien The Gazette, le promoteur immobilier Broccolini Construction a soumis récemment une offre d'achat pour mettre la main sur l'ensemble des installations montréalaises du géant pharmaceutique.

Que faire d'un terrain de 53,8 acres qui comporte 18 bâtiments et des installations hautement spécialisées? Selon Roger Plamondon, vice-président au développement chez Broccolini Construction, les options sont multiples. «On n'a pas acheté sans avoir déjà une idée en tête, a-t-il expliqué à La Presse Affaires. Il y a plusieurs solutions de rechange sur le marché qui s'offrent à nous.»

Le complexe de Merck comporte trois divisions distinctes: un centre de fabrication de médicaments, un autre de recherche en plus d'immeubles de bureaux. Broccolini Construction cherchera pour ces installations un seul et même client, mais envisage aussi la possibilité d'offrir les locaux à la pièce.

«On garde toutes les portes ouvertes», a précisé Roger Plamondon.

Chose certaine, pas question de revendre les installations. «Le groupe veut acheter la propriété dans le but de l'exploiter. On parle potentiellement de location», a-t-il expliqué.

L'entreprise de construction montréalaise s'accorde six mois pour conclure la transaction, moyennant une vérification diligente des installations.

Broccolini Construction compte également négocier avec la municipalité de Kirkland pour changer le zonage d'une section du terrain en vue d'y lancer un projet de construction.

Les bâtiments garderont pour leur part leur mission strictement industrielle. «On veut voir comment on peut maximiser l'utilisation de la propriété en essayant de garder au maximum l'intégrité de l'infrastructure», a indiqué Roger Plamondon.

Le cas d'AstraZeneca

À moins de cinq kilomètres des terrains de Merck se trouve un autre centre de recherche en passe de devenir silencieux.

AstraZeneca a annoncé le 2 février dernier la fin de son aventure montréalaise et de son association avec ses 132 employés. Un avis qui entrera en vigueur en juin prochain et qui libérera des installations de pointe en recherche pharmaceutique.

Pour éviter de perdre une expertise précieuse à ses yeux, Philippe Walker, actuel vice-président de la recherche et directeur des laboratoires d'AstraZeneca à Montréal, accélère la préparation d'un plan qui mêlerait les capitaux des gouvernements et ceux de l'industrie pharmaceutique pour non seulement préserver des emplois spécialisés, mais aussi donner une nouvelle vie aux installations de l'arrondissement de Saint-Laurent.

«J'essaie de voir si ces infrastructures pourraient servir à former un accélérateur du développement qui ferait le pont entre le monde académique et celui de la pharmaceutique», a-t-il confié à La Presse Affaires. Selon lui, les laboratoires d'AstraZeneca pourraient donc assister à la naissance de PME qui se chargeraient des premières étapes de la mise au point de nouveaux médicaments ou de tests cliniques.

«Peut-être qu'on aurait plus de succès à créer plusieurs petites entreprises qui auront chacune leur chance de survie et qui seront soumises à l'évolution darwinienne de l'économie plutôt que de compter sur l'attraction d'une autre grande pharmaceutique qui viendra ici avec des crédits d'impôt et qui partira au moment d'un nouveau un cycle de décroissance», a-t-il ajouté.

Mais difficile de coucher sur papier les jalons d'un modèle qui soit à la satisfaction de tous.

«Il faut trouver un montage structurel et financier qui ne soit pas un gouffre sans fin pour le gouvernement», a indiqué Philippe Walker.