Envoyer une vidéo du petit dernier qui fait ses premiers pas à toute la parenté... en direct du parc. Visionner le clip du moment sur YouTube dans l'autobus. Regarder le match de hockey sur son iPhone.

Formidable, la vidéo sur les appareils mobiles? Pour les utilisateurs, la réponse est oui. Mais pour les opérateurs de réseaux comme Bell ou Vidéotron, l'affaire peut causer de sérieux maux de tête.

«La quantité de données qui transitent sur les réseaux mobiles double chaque année. Or, les fournisseurs ne peuvent pas faire les dépenses d'investissements nécessaires pour doubler leur bande passante tous les ans», dit Allan Benchetrit, président et chef de la direction de Vantrix.

Cette boîte montréalaise de 75 employés se présente comme la solution. Sa mission: gérer le trafic vidéo qui se fait de plus en plus lourd sur le web pour empêcher les épisodes de congestion.

Pour ça, tous les trucs sont bons. Les ingénieurs de Vantrix vous parleront de «transcodage», de «diffusion adaptative en continu» ou de «fonction de cache intelligente». Dans les faits, cela revient essentiellement à deux choses: réduire le trafic... et le contrôler.

Les programmeurs de Vantrix ont pondu des logiciels qui peuvent notamment compresser les données pour qu'elles prennent moins de place sur l'autoroute de l'information, sans pour autant nuire à l'expérience de ceux qui visionneront les vidéos.

Éviter le gaspillage

Vantrix peut aussi s'assurer que lorsque vous regardez une vidéo sur YouTube, par exemple, le téléchargement se fasse graduellement plutôt que d'un seul coup, ce qui évite les pics dans les réseaux.

«Dans la majorité des cas, sur les appareils mobiles, les gens vont écouter une seule minute d'une vidéo de cinq minutes. Si toute la vidéo s'est déjà téléchargée, il y a un gaspillage de bande passante», illustre aussi Allan Benchetrit.

Dans tous les cas, les techniques de Vantrix s'adaptent selon le trafic du réseau.

Puisque Vantrix mesure ce trafic en temps réel, elle accumule aussi de précieuses informations qui intéressent les Bell et Vidéotron de ce monde. L'entreprise génère ainsi des rapports aux opérateurs sur l'utilisation que font leurs clients de leurs services. Vantrix va jusqu'à les conseiller sur les politiques d'utilisation et les tarifs à offrir aux consommateurs.

«Pour eux, la vidéo est souvent beaucoup plus un problème qu'une opportunité. On veut renverser ça», dit Allan Benchetrit.

Croissance fulgurante

Vantrix a dépassé l'étape du rêve. L'entreprise compte plus de 80 clients à travers le monde, autant en Amérique du Nord et en Europe qu'au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. La boîte montréalaise a figuré l'an dernier au palmarès Fast 50 de Deloitte des entreprises technologiques à la plus forte croissance du pays. Progression du chiffre d'affaires depuis cinq ans: 447%.

C'est à l'Université de Sherbrooke qu'ont été jetées les bases de ce qui allait devenir Vantrix, lorsque des chercheurs ont lancé une entreprise technologique nommée Sipro Lab. Un morceau de Sipro a fini par se détacher pour donner naissance à l'entreprise VoiceAge. Vantrix est elle-même l'ancienne division logiciel de VoiceAge, qui a fini par voler de ses propres ailes.

Au fil des ans, l'entreprise a récolté environ 45 millions en capital-risque auprès d'investisseurs, autant canadiens et américains qu'européens. Aujourd'hui, Allan Benchetrit estime pouvoir poursuivre la croissance de son entreprise sans devoir récolter de fonds supplémentaires.

Pour le président, le succès actuel de Vantrix repose sur un pari pris en 2004 lors de la naissance de l'entreprise: celui que les vidéos finiraient par s'échanger massivement sur les appareils mobiles.

«Ça a pris plus de temps que ce que tout le monde pensait, dit Allan Benchetrit. Mais aujourd'hui, on en est là et Vantrix est en plein mode exécution.»

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VANTRIX

Président

Allan Benchetrit

Fondateurs

Allan Benchetrit et Jean Mayrand

Investisseurs

Les fonds de capital-risque Summerhill Venture Partners, JK&B Capital, Tudor Ventures et Entrepria, ainsi qu'innovacom (le bras de capital-risque de France Télécom), la Banque de développement du Canada et VoiceAge (entreprise techno montréalaise).

Le concept en 140 caractères

Vantrix conçoit des logiciels qui aident les opérateurs de réseaux mobiles à optimiser leur trafic vidéo pour éviter la congestion et améliorer l'expérience de visionnement.

Objectifs d'ici un an

«Trouver d'autres clients majeurs à l'échelle mondiale, élargir la base de clients en Amérique du Nord et établir des partenariats technologiques et commerciaux dans de nouveaux secteurs.» - Allan Benchetrit