L'embellie observée sur les marchés obligataires depuis le début de l'année permet au Québec de continuer d'emprunter à des taux très avantageux pour financer sa lourde dette.

Hier encore, il a réussi à récolter plus de 500 millions de dollars grâce à une émission d'obligations venant à échéance le 1er décembre 2043.

Le coupon était fixé à 4,25%, mais l'engouement des prêteurs pour la dette du Canada et de ses provinces est tel que l'adjudication s'est faite au prix de 111,96$ par tranche de 100$.

Cela revient à dire que le rendement réel qu'obtiennent les créanciers est limité à 3,614%.

C'est tout de même attrayant pour une caisse de retraite ou une compagnie d'assurances qui doit assumer un lourd passif. Une obligation canadienne de même échéance n'offre que 2,58%.

Pour Québec, l'affaire est bonne puisqu'il a pu lever 559,78 millions alors qu'il payera des intérêts sur 500 millions seulement.

Dans sa synthèse financière présentée à la fin d'octobre, le ministre Raymond Bachand prévoyait économiser 336 millions au service de sa dette d'ici 2013-2014, année visée pour le retour à l'équilibre budgétaire. Par la suite, les conditions d'emprunt se sont resserrées quelque peu avec l'aggravation de la crise de la dette souveraine européenne, mais l'adjudication d'hier est de bon augure.

Le 9 décembre, Québec avait dû consentir un taux de 3,67%, soit six centièmes de plus qu'hier pour une émission semblable.

L'argent ramassé depuis décembre servira à combler des besoins d'emprunt pour l'année budgétaire 2012-2013. Son programme d'emprunts pour l'exercice en cours qui prend fin le 31 mars a été complété à l'automne, comme c'est souvent le cas.

Québec est déjà en avance de 2,6 milliards sur ses besoins de financement pour 2012-2013.

«En présumant que le ministre des Finances présente son budget aux alentours du 20 mars, cela laisse encore un mois à la province pour revenir sur le marché et récolter encore 1 milliard», estime Jean-François Godin, vice-président, recherches, chez Valeurs mobilières Desjardins.

Seule la Nouvelle-Écosse a aussi devancé ses emprunts pour la prochaine année budgétaire.

En contraste, l'Ontario doit encore emprunter 2,8 milliards pour compléter ses besoins d'argent de 35 milliards. La province voisine n'est pas au bout de ses peines parce qu'elle devra renouveler une grande portion de sa dette, en 2012-2013. Durant la récession de 2009 qui l'a durement frappée, elle s'était financée à court terme.

L'émission de 500 millions réussie hier par Québec est la seconde en autant de semaines. Mercredi dernier, la province avait émis une nouvelle tranche de 500 millions de ses obligations venant à échéance en 2022. Elle avait cependant dû consentir un taux de 3,113%, soit 11 centièmes de plus que la tranche de 500 millions mise aux enchères une semaine plus tôt.

«Avec la baisse d'inquiétudes concernant la dette souveraine européenne, on observe le retour d'un certain appétit pour le risque qui profite aux provinces et aux corporations, explique Gilles Chouinard, cochef, gestion des titres à revenus fixes, chez Natcan. La prime de risque de près de 100 centièmes entre une obligation canadienne et une québécoise est très attrayante.»

La filiale de la Banque Nationale compte plusieurs caisses de retraite parmi ses clients. M. Chouinard assure que les obligations provinciales, dont celles du Québec en particulier, sont des actifs recherchés.