L'arrivée en ondes de la téléréalité L'amour est dans le pré, à V, qui a notamment levé le voile sur la difficulté des agriculteurs à trouver l'âme soeur, a eu du bon pour le site Agrirencontre.com. Le nombre de femmes qui s'y inscrivent a augmenté au cours des dernières semaines. «On parle davantage du phénomène du célibat chez les agriculteurs, note Luc Gagnon, administrateur du site. Au départ, la clientèle était plus masculine. La proportion de femmes est maintenant de 55%. Mais on est monté à 70% récemment.»

Cupidon seul sait combien de gens trouveront l'amour sur ce site comptant 20 000 membres (et qui a un chiffre d'affaires de 85 000$) prochainement. Ce qu'on sait, par contre, c'est que les sites de rencontres sont toujours aussi prisés par les célibataires. Le nombre de membres de Reseaucontact.com, le plus connu (au chiffre d'affaires stable), et la popularité grandissante de Monclasseur.com (au chiffre d'affaires qui double chaque année depuis trois ans) prouvent qu'on met souvent le cap sur l'internet pour trouver un compagnon de vie.

«On a une progression de 35% du taux d'inscription quotidien, et ce, sans pub», affirme Marc Boilard, copropriétaire de Monclasseur.com (avec Dominic Fortin et Ricardo Machado). «Par ailleurs, on croît car notre marché ne va pas s'effondrer. Il y aura toujours des gens célibataires.»

L'avènement des réseaux sociaux, à l'accès gratuit, aurait pu rendre moins attrayants les sites de rencontres. «Ça nous aide, croit plutôt Marc Boilard. Car c'est une façon de rencontrer et ça a fait socialiser des gens sur l'internet qui n'auraient jamais pensé le faire. Des gens qui aujourd'hui ont moins de barrières.»

Caroline Goineau de Reseaucontact.com analyse la situation différemment. «Notre site est en fait un des ancêtres des réseaux sociaux, estime la directrice de produits. Comme la vocation première d'un tel site est de rapprocher les gens et de faciliter les rencontres amoureuses, cette solution élimine tout de suite une barrière et une gêne lorsque vient le temps d'aborder quelqu'un dans ce but précis. Chose différente sur un réseau social où famille et amitiés sont souvent impliquées et où on accepte la plupart du temps des gens que l'on connaît déjà.»

Créé il y a 15 ans, Reseaucontact.com compte 1,4 million de membres actifs et moins actifs. En matière de fréquentation, on parle d'une moyenne de 60 millions de pages vues par mois, d'une moyenne de 195 000 visiteurs uniques par semaine et d'une moyenne de 45 minutes passées sur le site à chaque visite.

Très spécialisé, le site Agrirencontre.com, qui existe depuis 2001, n'aspire pas à de tels sommets. «On est en croissance, affirme Luc Gagnon. De 15% à 20% depuis 2006. Mais je gère un petit site. On avance à la hauteur de nos moyens. On préfère prendre une approche prudente.»

Lancé en 2004, Monclasseur.com compte 140 000 visiteurs uniques mensuellement, selon Google Analytics. Il a 18 millions de pages vues par mois. Et de 8000 et 9000 membres se branchent avec et sans forfait par mois. «On convertit 14% de membres gratuits en membres payants», indique Marc Boilard.

Avec la vente de publicité, voilà où le chiffre d'affaires des sites de rencontres prend sa source: avoir une offre si attrayante que les membres gratuits paient pour des forfaits. Pour 9,95$ par mois (bientôt 14,95$), un membre de Monclasseur.com peut obtenir un Forfait de rêve qui permet notamment de savoir qui lit sa fiche de présentation et si les messages qu'il envoie sont lus. «On vend aussi de la pub comme des déchaînés, dit Marc Boilard. Vers 2007, elle représentait 100% de nos revenus. Aujourd'hui, moins de 50%.»

Devenir membre payant de Reseaucontact.com peut coûter de 11$ par mois pour six mois à 17,95$ pour 15 jours d'abonnement. Près du tiers des membres de Reseaucontact.com paient pour naviguer sur le site. «On offre différents services et des applications, tels que l'envoi de messages personnalisés, la messagerie instantanée, les alertes Qui a vu ma fiche? aux membres payants, explique Caroline Goineau. Nous proposons, par ailleurs, des espaces publicitaires pour les annonceurs qui désirent afficher sur le site. De 10% à 20% des revenus sont générés par la publicité. Ces espaces sont visibles par les membres non payants seulement. Les membres privilèges ont pour avantage de ne plus voir de publicités sur le site.»

À un âge où l'abonnement peut plafonner, ces sites comptent évidemment sur leurs propres campagnes publicitaires sur l'internet et à la télévision. Mais surtout, sur les nouvelles technologies, les nouveaux gadgets et la multiplication des services offerts. On pense à la création d'applications mobiles. «En novembre dernier, on a sorti la quatrième version de Monclasseur.com., et ce, pour deux raisons, explique Marc Boilard. Les sites de rencontres sont généralement en retard par rapport à ce que l'internet permet. Ils font vieillots et n'ont pas pris l'esprit des réseaux sociaux. Deuxièmement, on voulait une plateforme flexible, pour changer des choses en deux semaines et non plusieurs mois.»

À Reseaucontact.com, l'avenir passe notamment par la sécurité et la mobilité. «À court terme, on veut mettre en place plus de technologies permettant aux gens de s'appeler sans échanger leurs coordonnées personnelles trop rapidement et des applications mobiles pour garder contact partout. Nous désirons aussi mettre en place plus d'activités célibataires permettant aux gens de passer du virtuel au monde réel.»

Il semble qu'à court terme, l'avenir des sites de rencontres soit aussi assuré par la facilité qu'ils auront à veiller sur leurs membres et à éliminer toute personne indésirable... comme ces personnes qui demandent de l'argent aux membres. «Si ça dégénère, certains vont se tanner et ne reviendront plus sur notre site, note Luc Gagnon. On a essayé de mettre des mesures en place, mais c'est impossible de tout contrôler. Et la GRC n'est pas outillée pour tous les gérer.»

«Les escrocs et les menteurs ne nuisent pas à la rentabilité, souligne de son côté Marc Boilard. Mais depuis six mois, on a eu une recrudescence de faux comptes. On a un très bon système pour les noter et les dénoncer. Dès que ça sent mauvais, on flushe!»