Un bond surprise de 4,5% des exportations en décembre a permis au Canada de dégager son premier surplus commercial annuel depuis 2008.

L'excédent s'est élevé à 2,7 milliards en décembre, a indiqué hier Statistique Canada, soit plus du triple de la médiane des prévisionnistes. Cette poussée, qui fait suite au surplus de 1,2 milliard en novembre, aura permis de boucler l'année avec un léger excédent de 1,4 milliard. En 2010 et 2009, le commerce extérieur s'était soldé par des déficits de 9,0 et 4,7 milliards.

L'amélioration de fin d'année est avant tout le fait du redressement de nos échanges avec les États-Unis dont la croissance paraît enfin s'animer depuis l'automne.

D'ailleurs, les États-Unis affichent un déficit de 48,8 milliards en décembre. C'est le plus élevé en six mois, malgré un nouveau sommet de leurs exportations. Pour l'année, le trou se creuse à 558 milliards, le plus profond depuis 2008.

L'excédent avec notre principal partenaire commercial est passé de 4,7 milliards en novembre à 5,5 milliards en fin d'année. Tant les exportations que les importations ont atteint leur niveau le plus haut depuis octobre 2008, mois qui marquait l'entrée du Canada en récession.

«Tandis que l'endettement record des ménages et qu'une possible correction vilaine du marché de l'habitation angoissent décideurs politiques et analystes, le commerce semble sur le point d'entrer en jeu pour assurer la poursuite de la croissance», se réjouit Douglas Porter, économiste en chef désigné chez BMO Marchés des capitaux.

Fait des plus encourageants, à court terme du moins, la création d'emplois a été forte aux États-Unis le mois dernier, tout comme les ventes d'autos. La montée des exportations paraît ne pas s'être essoufflée en début d'année.

Les livraisons internationales ont augmenté dans toutes les grandes catégories de marchandises. «La balance commerciale hors énergie s'est améliorée d'un milliard de dollars, deux fois plus que l'amélioration de celle de l'énergie, note Krishen Rangasamy, économiste à la Banque Nationale. Les exportations hors énergie sont de retour au niveau d'avant la récession.»

Les livraisons d'énergie ont augmenté de 176 millions seulement, malgré le niveau record de 6,9 milliards de celles de pétrole brut. Celles de gaz naturel ont continué de baisser. «Elles sont à leur niveau le plus faible depuis 1998, souligne Emanuella Enenajor, économiste chez CIBC. Les expéditions de ce bien industriel ne représentent plus que 2% de l'ensemble de nos exportations, contre 8% environ en 2008.» Cela est de nature à faire réfléchir les promoteurs de l'exploitation des gaz de schiste aux fins d'exportations.

Notre surplus commercial s'est aussi bonifié avec le Japon et avec l'Union européenne, mais pour des raisons différentes.

«Les efforts de reconstruction au Japon ont une influence positive, note Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Les exportations à destination de ce pays ont progressé de 52,3% depuis juin.» Notre surplus reste tout de même modeste à 146 millions.

Avec l'Union européenne, il a grimpé à 411 millions, un nouveau sommet. Cela reflète cependant une diminution des échanges commerciaux. La baisse plus grande des importations (de pétrole surtout) que des exportations explique ce gain défensif.

Les chiffres de décembre recèlent d'autres indicateurs bienvenus. Les volumes d'exportations ont bondi de 5,1% alors que ceux d'importations ont fléchi de 0,5%.

Pour l'ensemble du quatrième trimestre, les exportations nettes réelles (les volumes d'exportations moins ceux d'importations) ont augmenté de 7% en rythme annuel alors que les matières importées ont augmenté de 0,5%. Cela suggère une contribution positive du commerce international durant l'automne des plus opportune, compte tenu du ralentissement de la demande intérieure.

La prévision de croissance réelle du PIB des experts oscille entre 1,4% et 2,0%, en rythme annuel, ce qui serait inférieur à la poussée de 3,5% du troisième trimestre.