L'adoption massive des téléphones intelligents par les Canadiens a fait bondir les bénéfices de Bell (T.BCE) au quatrième trimestre, ce qui n'a pas empêché les investisseurs de punir le titre du groupe jeudi.

L'action de Bell Canada Entreprises (BCE) a reculé de 3% à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 39,62$. Le bénéfice par action a été légèrement inférieur aux attentes du marché, tandis que le nombre de nouveaux abonnés sans fil (131 986) a déçu certains analystes.

Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, s'attendait à ce que Bell ajoute 136 000 clients avec contrat pendant les trois derniers mois de 2011. «Dans l'ensemble, ces résultats montrent que les pressions de la concurrence s'accélèrent dans le marché», a-t-il fait valoir.

Preuve de la bataille accrue entre les fournisseurs sans fil, Bell a dû dépenser beaucoup plus pour séduire de nouveaux clients. Le coût d'acquisition de chaque nouvel abonné - qui inclut les subventions versées à l'achat d'appareils intelligents - a bondi de 9,5%, pour s'établir à 450$ par activation brute.

Les téléphones intelligents comme l'iPhone et le BlackBerry comptent désormais pour 48% des abonnements de Bell, comparativement à 31% un an plus tôt. George Cope, grand patron de BCE, s'est dit «particulièrement ravi» des résultats du secteur sans fil, pendant une téléconférence.

Plus payants

S'ils coûtent plus cher à conquérir, les nouveaux abonnés sans fil rapportent aussi plus à Bell. Le revenu mensuel moyen tiré de chaque client a grimpé de 4,1% au quatrième trimestre, pour atteindre 54,50$.

Selon Iain Grant, président de la firme d'analyse SeaBoard Group, cette forte augmentation du revenu par abonné devrait servir de message à Ottawa. «Cela montre que l'entreprise peut encore prospérer dans un environnement plus concurrentiel, et que le gouvernement ne devrait pas être timide dans ses mesures pour amener des prix plus bas aux Canadiens», a-t-il fait valoir à La Presse Affaires.

Le ministre fédéral de l'Industrie, Christian Paradis, doit se prononcer d'ici quelques semaines sur la façon dont il attribuera les nouvelles licences aux fournisseurs sans fil. Le SeaBoard Group plaide pour qu'une partie des fréquences soit réservée aux «nouveaux entrants», comme ce fut le cas lors de l'enchère tenue en 2008. Cette façon de faire a permis à quatre nouveaux groupes - Wind Mobile, Mobilicity, Public Mobile et Vidéotron - d'acheter des licences et de lancer leur service depuis.

Iain Grant prône en outre une levée des restrictions touchant la propriété étrangère dans les télécoms. Cette mesure permettrait elle aussi de stimuler la concurrence - et de faire baisser les prix pour les consommateurs -, avance-t-il dans un rapport publié cette semaine.

La question continuera de soulever bien des passions dans l'industrie d'ici à ce que le ministre statue sur les termes de l'enchère. Les licences qui seront mises en vente, dans la fréquence de 700 MHz, sont particulièrement prisées, puisque ce type de spectre pénètre facilement dans les immeubles et permet une haute vitesse de transmission des données.

Profits en hausse

Au quatrième trimestre, BCE a vu son bénéfice net bondir de 53%, à 486 millions de dollars, ou 62 cents par action. Le consensus des analystes s'attendait plutôt à 66 cents.

Le chiffre d'affaires a progressé de 10,4%, à 5,17 milliards de dollars.

Les revenus de l'exercice 2011 ont été poussés à la hausse par l'acquisition de CTV et d'une série de chaînes spécialisées en cours d'année. Le chiffre d'affaires a progressé de 7,9%, à 19,5 milliards.

Les profits pour l'année complète ont été de 2,2 milliards, ou 2,88$ par action.

BCE a indiqué hier s'attendre à des revenus en hausse de 3 à 5% en 2012.