Un an après avoir amorcé la vente de son produit-vedette Egrifta, la montréalaise Theratechnologies (T.TH) tarde à percer le marché américain. Une situation qui déçoit à la fois les investisseurs et les analystes qui couvrent le titre.

En téléconférence hier matin, John-Michael Huss, président et chef de la direction de Theratechnologies, a précisé pour la première fois que de 2000 à 2500 patients avaient utilisé Egrifta au cours de l'année 2011.

«On a fait 1% du nombre de patients potentiel aux États-Unis», a-t-il indiqué par la suite à La Presse Affaires, avant d'ajouter qu'il y avait donc là un grand marché encore accessible.

Les analystes qui suivent le titre s'inquiètent du ralentissement de la croissance du nombre de «nouvelles prescriptions» pour Egrifta.

Selon Pooya Hemami, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, «la tendance observée au cours des derniers mois ne montre pas encore que le momentum au niveau des ventes d'Egrifta ait atteint un point d'inflexion». Un commentaire que partage Neil Maruoka, analyste pour Canaccord/Genuity.

Il faut dire que la biotech québécoise a peu de contrôle sur les ventes d'Egrifta aux États-Unis. Son partenaire commercial, EMD-Serono, en a la responsabilité entière.

Campagne de marketing

Après avoir réussi à garantir le remboursement d'Egrifta par environ 80% des assureurs américains, EMD-Serono a lancé une campagne de marketing au cours du second semestre de 2011 qui vise directement la clientèle.

«Aux États-Unis, il est interdit de s'adresser aux patients dans les six premiers mois suivant la mise en marché d'un produit, explique John-Michael Huss. EMD-Serono ne pouvait pas le faire avant le mois d'août.»

Egrifta est commercialisé aux États-Unis depuis le 21 janvier 2011. Le médicament permet de traiter la lipodystrophie, une condition fréquente chez les individus atteints du VIH traités par trithérapie.

Selon le président de l'entreprise, les ventes pour l'année 2011 devraient atteindre les 25 millions US. Theratechnologies obtiendra une partie de ces revenus sous forme de redevances selon les termes de son entente avec EMD-Serono.

Si tout va comme prévu, l'année 2012 permettra à Theratechnologies d'accéder à certains pays d'Europe en plus du Brésil, de l'Argentine et même du Canada. Pour ce dernier, Theratechnologies est présentement en pourparlers avec de potentiels distributeurs, mais pourrait aussi s'acquitter de la tâche si elle ne pouvait trouver d'entente.

Situation financière stable

Au cours de l'exercice se terminant le 30 novembre 2011, l'entreprise de l'arrondissement de Saint-Laurent a enregistré des revenus de 14,9 millions de dollars et termine l'année avec 37,1 millions en banque.

«Je pense que c'est important pour une petite biotech qui dépend des ventes de son produit par ses partenaires d'être dans une situation financière stable parce qu'on sait que l'environnement aujourd'hui n'est pas propice à se financer», a souligné John-Michael Huss.

En Bourse hier, le titre de Theratechnologies a encaissé une chute de 13,7% pour clôturer à 2,26$, en baisse de 36 cents.