Le groupe finlandais Nokia (NOK) a annoncé mercredi qu'il allait supprimer 4000 emplois dans ses usines de production de téléphones multifonctions en Finlande, en Hongrie et au Mexique d'ici la fin de l'année, et déménager une partie de sa production en Asie.

«Nous prévoyons, par pays, 2300 suppressions d'emplois à Komarom (Hongrie), 700 à Reynosa (Mexique) et 1000 à Salo (Finlande)», a précisé à l'AFP le porte-parole du groupe James Etheridge.

Ces suppressions d'emplois s'inscrivent dans le cadre d'une vaste restructuration annoncée fin septembre, prévoyant plusieurs milliers de suppressions d'emplois et des externalisations.

Le numéro un mondial du téléphone mobile avait alors indiqué qu'il allait réexaminer le rôle à long terme de trois de ses usines: Salo en Finlande, Komarom en Hongrie et Reynosa au Mexique.

Ces trois usines vont à l'avenir se concentrer sur la conception des logiciels et utilitaires destinés à la personnalisation des téléphones intelligents, a indiqué mercredi le géant finlandais en perte de vitesse depuis plusieurs mois.

Pour arrêter l'hémorragie, Nokia a décidé de déplacer sa production en Asie, marché en forte expansion, ce qui lui permettrait de raccourcir les délais de livraison ou de mise sur les marchés des produits.

Ce changement «porte sur la vitesse et la réactivité et finalement sur notre compétitivité», a expliqué M. Etheridge.

Nokia, qui a pris beaucoup de retard sur le créneau lucratif des téléphones multifonctions face à une concurrence plus agressive de l'iPhone d'Apple et des appareils sous système Android de Google, essaye de réagir depuis quelques mois.

Il a signé l'an dernier avec Microsoft un accord pour une nouvelle plateforme et a lancé en octobre des premiers appareils sous ce nouveau système d'exploitation, les Lumia 800 et Lumia 710.

S'il en a vendu «plus d'un million» en Europe, à Hong-Kong, en Inde, en Russie, à Singapour, en Corée du Sud et à Taiwan, il a eu moins de succès dans les autres régions du monde.

«Mon impression initiale est que c'est un bon produit, mais, en ce moment, être bon ça ne suffit pas», a jugé Horace Dedieu, auteur d'un blogue basé en Finlande et spécialisé dans les industries de la téléphonie mobile, sur les ondes de la télévision-radio d'État finlandaise YLE.

Les Finlandais eux-mêmes semblent préférer l'iPhone d'Apple, selon une étude publiée la semaine dernière par l'université finlandaise Abo.

«Sept des dix utilisateurs testés ont choisi l'iPhone plutôt que le Lumia», selon les conclusions de cette étude, une mauvaise nouvelle pour le groupe finlandais qui essaie de rebondir et d'enrayer la dégradation continue de sa part de marché dans ce secteur.

Nokia a décidé l'an dernier de ne plus donner de chiffres sur sa part respective du marché de la téléphonie mobile, qui a avait atteint, avec 40%, un sommet au premier semestre 2008. Mais les experts estiment que cette part est aujourd'hui de quelque 25%.

Numéro mondial des téléphones mobiles, Nokia se bat désormais, avec Microsoft, pour conserver cette place face à l'offensive conjuguée du BlackBerry du canadien RIM, de l'iPhone d'Apple et des téléphones portables utilisant la plate-forme Android comme ceux de Samsung.

Microsoft et Nokia, leaders dans leur domaine respectif, «arrivent sur le marché des téléphones intelligents comme des 'outsiders', tenant de convaincre les autres que, cette fois, ils sont les meilleurs», a encore jugé M. Dedieu.

Au cours du dernier trimestre de l'an dernier, Nokia a vendu quelque 19,6 millions de téléphones intelligents, soit une baisse de 31% par rapport à la même période de 2010, loin derrière Apple qui en a vendu au cours de la même période quelque 37 millions et Samsung qui en a vendu presque autant avec 36,5 millions d'unités.

Nokia est passé dans le rouge en 2011, avec une perte de 1,2 milliard d'euros.