Enerkem et Éthanol GreenField ont concrétisé hier un projet très attendu, celui de remplacer le maïs par les déchets solides dans la production commerciale de biocarburant.

Leur coentreprise investira quelque 90 millions dans une usine qui sera construite à côté de celle d'Éthanol GreenField à Varennes. Le projet est généreusement appuyé par le gouvernement du Québec, qui s'est engagé à y verser 27 millions, et par le gouvernement fédéral qui donnera un soutien financier équivalent.

L'usine devrait commencer sa production en 2014 et employer 40 personnes.

C'est la première fois que la production d'éthanol de première génération, faite à partir de maïs, cohabitera avec l'éthanol cellulosique, dite de seconde génération.

Déchets de construction

«C'est le début de notre transition vers une bioraffinerie intégrée à Varennes», s'est réjoui Jean Roberge, directeur général de l'usine québécoise d'Éthanol GreenField.

L'entreprise ontarienne travaille depuis un certain temps sur l'utilisation d'autres types de biomasse pour en faire du carburant.

Depuis 2007, Éthanol GreenField produit 150 millions de litres d'éthanol à son usine de Varennes. L'usine québécoise dévore pour ce faire 300 000 tonnes de maïs par année.

L'éthanol produit à partir de maïs suscite depuis longtemps beaucoup de critiques, parce qu'il détourne vers le transport des grains utilisés dans l'alimentation et que la production de maïs nécessite beaucoup d'énergie et d'engrais.

La technologie mise au point par Enerkem permet de produire de l'éthanol à partir de matières non recyclables comme les déchets de construction et d'autres résidus solides qui aboutissent normalement dans les terrains d'enfouissement.

Le partenariat à parts égales entre Enerkem et Éthanol GreenField permettra de produire 38 millions de litres de biocarburant à partir de déchets.

«C'est un nouveau secteur énergétique qui permet la gestion durable de nos matières résiduelles», a dit de son côté Vincent Chornet, président et chef de la direction d'Enerkem, qui a conçu la technologie.

Enerkem mène de front trois projets de production commerciale d'éthanol cellulosique. En plus du projet de Varennes, une usine est en construction à Edmonton, en Alberta, et une autre doit voir le jour à Pontotoc, au Mississippi. L'entreprise vient de faire connaître son intention de s'inscrire à la Bourse (voir texte ci-haut).

Québec participe

Le gouvernement du Québec, qui a aidé Éthanol GreenField à s'établir au Québec, accorde une aide financière de 18 millions au projet annoncé hier, ainsi qu'un prêt de 9 millions. Québec estime que le coup de pouce donné à cette nouvelle usine l'aidera à atteindre son objectif de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020. Enerkem et Éthanol GreenField estiment que leur projet permettra de réduire les émissions de GES de 110 000 tonnes par année. Vue d'un autre angle, la production d'éthanol cellulosique permettra de réduire les importations d'essence de 33 millions de litres par année.

Des commentaires favorables ont accueilli l'annonce d'hier, notamment de la part d'Équiterre. «Il s'agit d'un bel exemple de développement technologique qui nous permettra de réduire la quantité de déchets envoyés au dépotoir et de les transformer en carburant, tout en réduisant notre dépendance au pétrole et nos émissions de GES», a dit le porte-parole de l'organisation, Steven Guilbeault.