Chaque année, depuis cinq ans, les cégeps accueillent jusqu'à 40 élèves néo-calédoniens, en majorité dans les programmes reliés à l'industrie minière. Cette aventure est pour les uns une clientèle inespérée, et pour les autres, un avenir assuré.

Choisir d'aller étudier à plus de 17 000 km de chez soi, est loin d'être banal. Surtout quand Nouméa (la capitale de la Nouvelle-Calédonie) et les lycées français proposent des études postsecondaires similaires, comme les brevets de technicien supérieur (BTS).

«Je suis venu à Sept-Îles parce que le programme au DEC régulier est plus complet qu'un BTS et qu'on peut faire des stages en entreprise. À mon retour, j'aurai une expérience dans mon domaine, ce que je n'aurais pas eu si j'étais allé à Nouméa ou en métropole (France)», explique Nathanaël, originaire de Maré, île aux paysages paradisiaques de la Nouvelle-Calédonie.

Victoria, aussi en deuxième année de technique électronique industrielle, ajoute que ce sont les stages rémunérés qui l'ont attirée. «Je suis de Poindimié (dans le nord du pays) et je devais choisir entre étudier à la capitale ou au Québec. Et c'était plus avantageux de venir m'installer ici pour trois ans».

À cela s'ajoute un suivi de la part des sociétés minières (Koniambo Nickel au Nord et Vale Inco au Sud). Elles viennent jusque dans les salles de classe de ces élèves étrangers pour les recruter. «Il y a une volonté politique et sociale de la Nouvelle-Calédonie et les ententes entre le Québec et la France facilitent les choses», mentionne le directeur général du cégep de Sept-Îles, Donald Bherer.

En vertu de ces ententes, les droits de scolarité sont pris en charge par leur gouvernement, puisque l'île est un pays d'outre-mer français. Sans ce coup de pouce financier, un élève étranger doit débourser jusqu'à 8000$ par année pour une technique.

C'est en 2006 que l'organisme Cégep international a reçu la visite d'un membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. L'objectif était de trouver des programmes de formation en maintenance industrielle et électronique industrielle. C'est la Nouvelle-Calédonie qui détermine dans quels domaines seront reçus ses jeunes, selon les besoins de main-d'oeuvre. Cégep international se rend une fois par année dans l'île pour faire une sélection des candidats. Pour l'année 2011-2012, les 39 nouveaux élèves étaient répartis dans six cégeps, surtout en région.

Une mine d'or

Dans un contexte où les Québécois fréquentent moins leurs cégeps, ces élèves étrangers représentent une mine d'or. En plus, ces mêmes programmes pourraient devenir des atouts majeurs à l'expansion des industries minières et métallurgiques du Québec.

Le cégep de Sept-Îles a inauguré un nouveau pavillon l'automne dernier consacré à la technologie minérale et au transfert technologique, et en maintenance industrielle. Près de 9 millions de dollars ont été investis. Parmi les donateurs on compte ArcelorMittal avec 800 000$, mais les autres principales industries de la région comme Aluminerie Alouette, la Compagnie minière IOC et Cliffs Natural Ressources y ont toutes contribué. Signe que le cégep prévoit résoudre le problème de main-d'oeuvre ailleurs que dans le Pacifique, mais aussi sur la Côte-Nord.

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UN PARTENARIAT INTERNATIONAL

L'arrivée des élèves de la Nouvelle-Calédonie vers les cégeps du Québec est le résultat du programme Cégep mobilité Québec, partenariat entre le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et Cégep international. Devant le manque criant de main-d'oeuvre qualifiée, le gouvernement néo-calédonien devait trouver une solution pour former des jeunes afin de combler des milliers de postes en industrie minière. Aussi appelée Le Caillou, la Nouvelle-Calédonie compte une réserve importante mondiale de nickel et l'usine du Nord, actuellement en construction, devrait en produire 60 000 tonnes par an dès 2014. Elle s'ajoutera aux deux autres usines, au sud du pays. Cégep international a été créé en 1992. L'organisme fait partie des services de la Fédération des cégeps. L'objectif est de diffuser l'enseignement technique à l'étranger. Il promeut aussi des projets de mobilité, et jusqu'à 3500 cégépiens québécois y participent chaque année. On compte plus de 2000 élèves étrangers dans les cégeps.