Elle est petite, elle est éloignée et on en entend rarement parler. Pourtant, la Nouvelle-Zélande mérite le coup d'oeil lorsqu'on parle de coût des médicaments. Dans cet État, on laisse les forces du marché agir sur le prix des produits pharmaceutiques. Une stratégie payante qui permet de fracasser les prix.

Un exemple? En 2009, selon les données de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les Canadiens payaient de leur poche une moyenne de 743,7$US. Pendant ce temps au pays des kiwis, les Néozélandais déboursaient 275,90$US, ou 63% de moins.

La raison de ce succès porte le nom de «Pharmac», une agence gouvernementale responsable de lancer des appels d'offres pour mettre en compétition les fabricants de génériques, mais aussi les entreprises pharmaceutiques qui disposent de molécules brevetées équivalentes.

Pour accéder à ce marché d'un peu plus de 4 millions de consommateurs, les pharmaceutiques font des courbettes et réduisent leurs prix. Un luxe que le pays se permet parce qu'il n'a pas à financer une industrie pharmaceutique en gonflant le prix de ses médicaments.

C'est d'ailleurs pour cette raison que Marc-André Gagnon, professeur adjoint à l'École d'administration et de politiques publiques de l'Université Carleton, ne croit pas que le Canada devrait adopter cette stratégie. «La Nouvelle-Zélande a pris la décision claire qu'elle n'allait pas développer une industrie pharmaceutique nationale. Ici, on a développé une belle expertise, et on serait fou de s'en passer.»

De son côté, Mélanie Bourassa Forcier, professeure de droit pharmaceutique à l'Université de Sherbrooke et chercheuse associée au CIRANO voit une autre faille dans cette approche. Selon elle, les Néozélandais sont privés d'alternatives thérapeutiques parce que Pharmac limite l'accès au marché à un seul médicament pour chaque problème de santé.

Si la stratégie néozélandaise est imparfaite, elle illustre tout de même à quel point le prix d'un médicament peut varier selon qu'on soit en situation de monopole ou de compétition.