La neige s'accumule sur le Poulet Frit Kentucky de l'avenue Papineau, à Montréal, voilant le regard du colonel Sanders, qui orne la devanture. Cela l'empêche peut-être de voir le déclin de ses restaurants au Québec: une douzaine ont fermé leurs portes, le 15 janvier, victimes d'une baisse d'intérêt pour les barils de poulet frit.

«Les temps modernes, qui misent sur une bonne santé, ont rattrapé Poulet Frit Kentucky (PFK), a indiqué hier Sylvain Charlebois, professeur de distribution et politiques alimentaires à l'Université de Guelph. Les Québécois se désintéressent de la malbouffe. Il faut s'ajuster. McDonald's le fait d'une main de maître, en s'intéressant à plusieurs segments du marché: les parents, les personnes âgées, les amateurs de café. Ils changent l'aspect des restaurants. On n'a pas vu ça chez PFK depuis quelques années.»

L'offre du Colonel reste la même: du poulet frit, des salades de macaroni, de chou ou de pommes de terre, suivis de gâteau au chocolat. «Ils misaient aussi sur les repas en famille, a observé Paul Boisvert, titulaire de la chaire de recherche sur l'obésité à l'Université Laval. Mais ça n'a jamais été un endroit convivial pour manger sur place, c'était davantage pour rapporter à la maison. Or maintenant, les gens mangent de plus en plus à l'extérieur.»

»Ils n'étaient pas rentables»

Les PKF récemment fermés (à Montréal, La Prairie, Coaticook, Cowansville, etc.) appartiennent au fonds ontarien Priszm, qui n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de La Presse. Priszm a annoncé sa restructuration en mars dernier, en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

«Les 12 restaurants qui ont fermé au Québec, c'est parce qu'ils n'étaient pas rentables, a expliqué hier Myriam, qui a répondu à l'appel de La Presse au PFK d'Alma. Étant donné que la compagnie est à vendre, avec des éléments qui ne se font pas vivre, c'est plus dur à vendre. Mais les grosses succursales, comme Chicoutimi et Jonquière, ça reste ouvert. Nous aussi, on est rentables.»

Solange Dubois, employée du PFK de Cowansville, travaille à organiser un recours collectif contre son ex-employeur, qui n'aurait pas procédé aux licenciements selon les règles, a rapporté La Voix de l'Est.

Grand succès en France

Kentucky Fried Chicken (KFC) a plus de succès en Europe, où la chaîne compte ouvrir une quarantaine de restaurants en 2012. «La France est le marché qui a connu la réussite la plus rapide», a dit Ivan Schofield, directeur général de KFC Europe occidentale, au quotidien français Le Figaro.

Cette réussite n'est pas basée sur la recette secrète du Colonel, mais sur une adaptation du menu au goût français. Exemple: le repas pour enfants de KFC France comprend des tomates cerises en entrée, un demi-épi de maïs en accompagnement et de la compote ou du yogourt au dessert.

L'Asie craque aussi pour le poulet frit. KFC compte 3500 restaurants en Chine seulement. «Miser sur l'Asie est une tendance globale, a dit JoAnne Labrecque, professeure de marketing à HEC Montréal. Mais comme les Asiatiques veulent emprunter les habitudes des Occidentaux, à mon avis, il faut que Kentucky maintienne son image en Occident aussi. Sinon, d'autres chaînes vont être plus populaires.»

La décroissance de PFK rappelle celle de Dunkin' Donuts. «C'est à peu près la même histoire: Dunkin' Donuts avait une bonne notoriété, un achalandage intéressant, mais n'a pas innové au fil des ans, a noté Mme Labrecque. La concurrence a fini par reprendre des parts de marché.»

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PFK C'EST...

700 restaurants au Canada

15 000 restaurants dans 109 pays et territoires

Premier restaurant au Canada en 1953, à Calgary

Priszm possède 140 PFK, Taco Bell et Pizza Hut dans 5 provinces, dont le Québec.

PFK offre en ce moment la boîte repas Super-Croque comprenant un sandwich au poulet frit, du poulet popcorn, des frites, 591 ml de boisson gazeuse et une barre KitKat Chunky.