Un repli inattendu de la production d'énergie aura suffi pour compromettre la croissance économique qui stagnait déjà, comme en fait foi l'atonie du marché du travail depuis l'été.

La taille réelle de l'économie s'est amincie de 0,1% en novembre alors qu'elle n'avait pas bougé en octobre, a révélé hier Statistique Canada à la surprise générale.

Ce régime non désiré remet sérieusement en question le scénario de la Banque du Canada qui mise sur une expansion annualisée de 2,0% durant l'automne.

Le dollar canadien, qui avait franchi la parité avec le billet vert durant la nuit dans la foulée de la concrétisation du pacte fiscal européen, a échappé tous ses gains dans les minutes suivant la parution de ces données décevantes.

Les prévisionnistes s'attendaient à une expansion de 0,2% en novembre, sur la foi de la poussée des ventes des manufacturiers et des détaillants ainsi que de la forte progression des exportations.

C'était sans connaître la baisse importante de 2,5% des activités d'extraction de pétrole et de gaz. L'agence fédérale l'attribue à des travaux de maintenance qui se déroulent en général pourtant au printemps. La faiblesse persistante des prix du gaz naturel n'incite par ailleurs pas à multiplier les forages.

Ce repli inusité, dont le retour à la normale présage d'un rebond souhaitable, a complètement éclipsé la force du secteur manufacturier en progression pour le troisième mois d'affilée, cette fois-ci de 0,6%. De novembre en novembre, la fabrication avance de 3,3%, ce qui est beaucoup plus que les 2,0% de l'ensemble de la production canadienne de biens et de services.

En novembre, les services publics, un segment qui regroupe la génération et le transport d'électricité ainsi que les pipelines, ont reculé de 0,6%. Il s'agit du deuxième repli d'affilée, associé au temps doux de l'automne dernier qui n'a pu empêcher un recul de 0,3% des activités de construction.

Du côté des services, l'avancée de 0,6% des ventes des détaillants stimulées par les rabais précoces du Black Friday a été neutralisée par le recul équivalent du commerce de gros. L'important segment des intermédiaires financiers, des assurances et des services immobiliers a fait du surplace, tandis que de modestes progrès ont été enregistrés ailleurs.

L'ensemble des services, qui représentent près des trois quarts de l'activité économique, a progressé d'à peine 0,1%, ce qui aura été insuffisant pour faire contrepoids au recul de 0,6% de la production de biens.

De novembre à novembre cependant, la production de biens est en hausse de 2,7%, comparativement à 1,7% pour celle des services.

«Le repli de la production en novembre suggère que le ralentissement au quatrième trimestre est plus prononcé que ce qui avait été escompté jusque-là», indique Paul Ferley, économiste en chef adjoint chez RC. Sur une base annualisée, la croissance aura été réduite de plus de moitié à 1,5% environ comparativement à 3,5% au troisième trimestre.» Beaucoup d'autres économistes ont aussi révisé leur pronostic pour l'automne.

Fait à signaler, l'économie américaine a sans doute progressé de 2,8% durant l'automne en raison d'importantes activités de restockage, selon l'évaluation préliminaire du département américain du Commerce.

Les économistes s'attendent à un ralentissement cet hiver du côté des États-Unis que semblent confirmer le repli de la confiance des consommateurs et la chute des prix des maisons sur le marché de la revente. «La croissance des exportations sera limitée à court terme, prévient Dina Cover, économiste chez TD. Avec l'endettement record des ménages et la stagnation du marché du travail depuis six mois, les gains dans les dépenses de consommation seront aussi limités.»