Assister le corps dans ses mouvements par l'entremise d'un robot. Ce vieux rêve, autrefois l'apanage des auteurs de science-fiction, pourrait faire son apparition dans nos vies d'ici quelques années. C'est d'ailleurs le souhait d'une jeune entreprise de Québec, B-TEMIA.

L'équipe de B-TEMIA planche depuis un peu plus de deux ans sur la conception et l'assemblage d'un appareil robotisé qui seconde les déplacements de la personne qui l'endosse.

Un exosquelette, demanderez-vous? Eh bien non. Selon le président et fondateur de l'entreprise, Stéphane Bédard, l'invention mérite qu'on lui prête un néologisme: le «dermosquelette».

Moins alambiquée que les prototypes robotisés que préparent de grandes firmes d'ingénierie, la création de B-TEMIA se distingue surtout parce qu'elle permet de réduire la charge imposée aux joints articulaires, notamment au genou et au bas du dos.

«Le système agit comme une chaise dynamique. La personne peut s'appuyer sur l'appareil dans différentes postures: en marche, en courant, en montant un escalier ou en descendant une côte», indique Stéphane Bédard.

Une structure articulée, un ordinateur muni d'un logiciel d'intelligence artificielle, une pile et des moteurs électriques ancrés au niveau de chaque articulation sont au coeur de l'instrument.

«Ça ressemble à une grosse orthèse motorisée, précise le président de B-TEMIA. Par sa capacité de suivre les mouvements et de reconnaître les intentions de l'individu, l'appareil est capable de complémenter la force, c'est-à-dire d'arriver à utiliser les moteurs électriques plutôt que les muscles de l'individu.»

Mais pour le moment, difficile d'en obtenir une image claire. Des «raisons de confidentialité» et un secteur très compétitif expliquent ce flou.

Une application en santé

B-TEMIA lancera au cours de l'année deux études en collaboration avec des centres de santé de la région de Québec. L'objectif, vérifier si le dermosquelette peut devenir une solution de rechange à la médication dans deux conditions médicales bien précises.

La première, c'est l'angine des jambes, connue des spécialistes sous le nom de claudication intermittente. Pour les patients aux prises avec ce problème d'origine vasculaire, la marche devient pénible. «C'est extrêmement dur et douloureux, explique Stéphane Bédard. Certains ont de la difficulté à faire 20 pas d'affilée.»

Selon lui, le dermosquelette pourrait contribuer à améliorer la qualité de vie de ces patients. «On pense qu'à court ou moyen terme, l'utilisation de l'appareil tous les jours permettrait d'augmenter la capacité à l'effort de l'individu dans ses déplacements et d'arriver à améliorer sa condition physiologique.»

Le deuxième problème auquel il souhaite s'attaquer est associé à la maladie de Parkinson. «À un certain stade de la maladie, les gens ont des blocages à la démarche et le système neuromoteur des jambes s'arrête complètement pendant quelques secondes, parfois des minutes», précise-t-il

Dans les deux cas, les médecins ajoutent à la médication une recommandation de «marcher le plus possible», mais les patients s'engouffrent tôt ou tard dans un cercle vicieux pour éviter la douleur et les chutes, puis limitent leurs déplacements.

«On pense que l'appareil aiderait ces personnes à supporter leur poids et leur posture durant la démarche», explique-t-il avant d'ajouter qu'une programmation particulière pourrait contribuer à amorcer le mouvement et relancer l'appareil locomoteur du patient.

Des soldats robots

Si B-TEMIA souhaite un jour s'attaquer au secteur de la santé, c'est d'abord et avant tout en investissant le domaine militaire qu'elle compte atteindre la profitabilité.

Les soldats transportent souvent des charges de 60 à 75 livres. Parfois même jusqu'à 130 livres. Veste balistique, outils de télécommunications, munitions, vivres, eau et accessoires de combat: un attirail qui contribue à l'occurrence de problèmes musculosquelettiques sur les champs de bataille.

«Pour les fantassins, le principal ennemi n'est pas les balles, mais les blessures musculosquelettiques», explique Stéphane Bédard.

Depuis quelques mois, les soldats de l'armée canadienne mettent à l'essai les prototypes de B-TEMIA, une façon pour l'entreprise de tirer ses premiers revenus tout en améliorant sa technologie à partir des conseils de ses éventuels clients.

Ces derniers pourraient même faire leurs premiers achats cette année, puisque l'entreprise de Québec envisage de passer au stade de la production d'ici quelques mois.

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B-TEMIA

Président et Fondateur: Stéphane Bédard

Investisseurs: Stéphane Bédard et une poignée d'anges financiers

Le concept en 140 caractères: Entreprise qui met au point une orthèse robotisée pour soutenir le travail des militaires, mais aussi répondre à des problèmes de santé.

Objectifs d'ici un an: «Terminer la version commerciale de notre produit pour l'armée et démarrer nos études pilotes dans le domaine clinique.» - Stéphane Bédard