L'entrée en Bourse du site internet Facebook, l'événement le plus attendu de l'année sur les marchés en Bourse, semble se préciser avec des rumeurs d'un dépôt de dossier imminent relayées par le Wall Street Journal.

Ce dossier, première occasion pour le roi de l'internet communautaire de révéler publiquement l'état de ses finances huit ans après sa création, pourrait être déposé dès mercredi, ou sinon «dans les semaines qui viennent», indique le quotidien.

L'opération elle-même, qui pourrait représenter la mise sur le marché de 10 milliards de dollars de titres, pourrait attendre plusieurs mois.

Mais pour Debra Williamson, analyste au cabinet de marketing eMarketer, «cela a du sens» de déposer le dossier dès maintenant, au moment où l'entreprise de Palo Alto, au coeur de la Silicon Valley (Californie, ouest des États-Unis) vient sans doute de finaliser ses comptes annuels.

«Facebook a eu une très grosse année en 2011», assure déjà Mme Williamson, et le site «a fait ses preuves de plusieurs façons: il peut attirer des annonceurs majeurs, et il continue d'accroître son trafic aux États-Unis et dans plusieurs marchés du monde, comme le Brésil et l'Inde».

Facebook, dirigé par son cofondateur Mark Zuckerberg, 27 ans, domine l'internet social. Ce site, où la navigation est moins guidée par des algorithmes que par des affinités personnelles, est un géant comptant déjà plus de 800 millions d'utilisateurs actifs dans le monde, se rapprochant de plus en plus du moteur de recherches Google, qui tente de lui opposer une concurrence avec son site maison Google+.

Le cabinet eMarketer estime à 4,27 milliards de dollars le chiffre d'affaires de Facebook en 2011, plus que doublé par rapport à 2010 (2 milliards) et réalisé à 89% (3,8 milliards) dans la publicité. Pour 2012, eMarketer estime que les seules recettes publicitaires devraient atteindre 5,78 milliards, puis 7 milliards l'an prochain.

«S'ils atteignent ou dépassent ces chiffres, je crois qu'ils sont bien placés» pour réussir leur introduction en Bourse, ajoute Mme Williamson.

Le Wall Street Journal évaluait vendredi la valorisation de Facebook autour de 75 à 100 milliards de dollars, ce qui correspond aux chiffres circulant depuis plusieurs mois. C'est bien plus que des valeurs industrielles comme Boeing (environ 55 milliards de dollars), bien moins que d'autres valeurs technologiques comme Google (188 milliards) ou Apple (415 milliards).

Pour Renaissance Capital, un cabinet spécialisé dans les introductions en Bourse, le terrain s'annonce favorable. «Nous prévoyons que 2012 sera une année de reprise pour le marché des entrées en Bourse, avec Facebook menant le marché», a indiqué une responsable du cabinet, Kathleen Smith.

Si Facebook lève bien 10 milliards de dollars, ce sera de loin la plus grosse opération pour la net-économie, bien loin de Google qui avait vendu pour 1,67 milliards de dollars de titres en 2004. Selon Renaissance Capital, ce devrait être à peu près la 15e introduction de tous les temps, et la 6e pour les États-Unis (après notamment Visa et General Motors en 2010).

Ces derniers mois, M. Zuckerberg avait expliqué que l'opération devenait inévitable. «Nous avons fait cette promesse implicite à nos investisseurs et à nos employés qu'en les rémunérant en titres et en leur donnant des titres, viendrait le temps où nous ferions en sorte que leurs parts aient une valeur publique et liquide», a-t-il déclaré.

En tout état de cause, ce n'est pas pour survivre que Facebook glanera des fonds en Bourse: en décembre le site internet Gawker estimait à 3,5 milliards de dollars ses liquidités au 30 septembre.

Pour Mme Williamson la manne récoltée devrait permettre d'investir dans l'expansion à des pays comme la Russie où Facebook n'est pas encore dominant, et d'améliorer encore la régie publicitaire pour fournir un système «encore plus malin, plus ciblé et qui marche mieux qu'il ne le fait déjà».