Le groupe internet Google a publié mardi un bénéfice annuel en hausse de 14,5% à 9,74 milliards de dollars, mais un bénéfice trimestriel en hausse de 6,7% seulement et inférieur aux attentes, à 2,71 milliards de dollars.

Les valeurs technologiques ont repris la forme en Bourse depuis le début de l'année. Avec les résultats publiés hier, IBM, Intel, Google et Microsoft pourraient refroidir cette tendance, surtout que quelques nuages se profilent à l'horizon.

Google a lancé le bal, avec des revenus annuels en hausse de 29%, et de 25% au dernier trimestre. Pour la première fois, Google a franchi le cap des 10 milliards US en revenus trimestriels, à 10,58 milliards US, et un bénéfice par action de 9,50$US. Ça n'a pas suffi pour satisfaire les analystes qui prévoyaient un bénéfice par action de 10,49$US. L'action de Google a d'ailleurs reculé de 9% dans les échanges d'après-clôture.

Les analystes tablaient sur des indicateurs positifs du côté de la publicité et espéraient voir Google verser 8,38 milliards US à ses partenaires annonceurs. Ce montant est plus mince que prévu, à 8,13 milliards US.

Des sites qui rapportent

La société de Mountain View s'est bien reprise avec les sites qui lui appartiennent, comme GMail, Google" et YouTube. Ils ont généré 7,29 milliards US au dernier trimestre, une hausse de 29% sur un an.

«Google" compte désormais 90 millions d'utilisateurs, plus que le double de ce que j'ai annoncé il y a trois mois. Nous allons continuer de miser sur Google" afin d'améliorer l'expérience de tous nos services», a résumé Larry Page, PDG de l'entreprise californienne.

Le téléphone mobile est un autre vecteur de croissance pour Google: 250 millions d'appareils Android sont en utilisation dans le monde en ce moment, un gain de 50 millions en trois mois. Cela se traduit par un total de 11 milliards de téléchargements d'applications. Google devra cependant faire mieux si elle souhaite rattraper Apple dans ce créneau: les propriétaires d'appareils iOS génèrent des revenus moyens 13% supérieurs et sont 20% plus susceptibles de cliquer sur la publicité à l'écran, selon la firme Wedbush Securities.

Autre défi en vue pour Google: l'intégration de Motorola Mobility. Google s'aventure ainsi pour la première fois dans la fabrication de produits électroniques, en avalant une entreprise qui, ces deux dernières années, n'a pas su renouer avec les profits.

Microsoft et Intel dans un passage à vide

Ralenties par l'émergence des appareils mobiles, les ventes d'ordinateurs personnels n'ont rien pour réjouir Microsoft et Intel, même si la paire affiche une hausse des revenus conforme aux attentes au dernier trimestre. Microsoft a conclu son premier trimestre de 2012 en hausse de 5%, à 20,89 milliards US, alors qu'Intel a généré 13,9 milliards US sur la même période, 22% de plus qu'en 2011. Intel a connu une année record, à 54,2 milliards US.

Microsoft a connu un Noël particulièrement faste du côté du jeu vidéo. «Ç'a été la plus forte période des Fêtes de notre histoire, surtout pour les consoles Xbox et Kinect», a résumé Kevin Turner, directeur de l'exploitation pour la société de Redmond. Les ventes de la division du divertissement ont crû de 15% en trois mois.

En revanche, Windows, logiciel phare de Microsoft, ainsi que la suite d'outils en ligne Windows Live qui l'accompagne, s'essoufflent. Les ventes de ce côté ont reculé de 6%, à 4,74 milliards US. L'arrivée de la huitième génération de Windows se fait attendre et l'absence d'une nouvelle génération d'appareils mobiles avec Windows Phone laisse la place libre à Google et Apple, notamment.

Heureusement qu'il y a la Xbox, résume Avi Greengart, analyste pour Current Analysis. «Le jeu vidéo et le divertissement ne sont pas des marchés naturels pour Microsoft, mais ils ont très bien fait. Si elle peut mieux promouvoir sa boutique virtuelle Zune, concurrent à la boutique iTunes d'Apple, Microsoft se fera pardonner plus facilement la lointaine date de sortie de Windows 8», dit-il.

Du côté d'Intel, l'enjeu sera de s'immiscer dans les tablettes numériques, créneau qui connaît la plus forte croissance de tout le secteur informatique. Des rivaux comme ARM et Nvidia dominent ce créneau. La prochaine génération de puces Intel devrait renverser la tendance, notent les experts, même s'ils voient mal comment cet effort se fera sentir en Bourse.

«Nous sommes impressionnés par la gamme de produits, la promotion et la feuille de route d'Intel, mais il faudra voir la réaction des consommateurs face aux nouveaux produits comme les portables Ultrabook et les éventuelles tablettes, avant de se prononcer à plus long terme», a résumé la firme Wedbush dans une note publiée hier.