Même s'il n'y a qu'un consortium en lice, les négociations pour les droits de diffusion des Jeux olympiques de 2014 et 2016 s'annoncent plus longues que prévu, notamment à cause de la participation incertaine des joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) aux Jeux de Sotchi en 2014. Un «black-out» olympique semble toutefois peu probable.

> Suivez Vincent Brousseau-Pouliot sur Twitter

Le Comité international olympique (CIO) a rejeté la première offre de 70 millions de dollars du consortium Bell/Radio-Canada pour les Jeux de Sotchi, en Russie en 2014, et de Rio de Janeiro, au Brésil en 2016, selon le Toronto Star. Il s'agit d'une somme inférieure d'environ 20 millions à celle payée pour diffuser les derniers Jeux d'hiver et d'été qui n'ont pas été tenus au Canada (Turin en 2006 et Londres en 2012). Les négociations se poursuivent entre le CIO et le consortium Bell/Radio-Canada, qui a été invité à faire une deuxième offre.

Le CIO n'est pas inquiet de trouver un terrain d'entente, mais il ne cédera pas ses droits de diffusion au rabais. «La balle est dans leur camp. Ils vont se plaindre que le temps presse, mais nos droits ont une valeur sur le marché et nous pensions que nous allons l'atteindre», a dit Peter Sisam, consultant de Toronto qui travaille pour le CIO, au Toronto Star. Bell et Radio-Canada n'ont pas voulu commenter les négociations.

Les télédiffuseurs canadiens ont payé 28 millions US pour les Jeux d'hiver de Turin en 2006, 45 millions pour les Jeux d'été Pékin en 2008 et 63 millions pour les Jeux d'été de Londres en 2012.

Si Bell et Radio-Canada ont offert cette fois-ci environ 20 millions de moins qu'à Turin et Pékin, c'est notamment parce que la présence des joueurs de la LNH n'est pas garantie à Sotchi en 2014.

Le commissaire de la LNH, Gary Bettman, n'a pas pris de décision à cette fin. Il doit d'ailleurs obtenir l'accord de l'Association des joueurs, dont la convention collective vient à échéance en septembre.

Bell et Radio-Canada ont voulu faire une offre à deux volets au CIO: un montant avec la présence des joueurs de la LNH et un autre montant sans eux. Le CIO a refusé. Les joueurs de la LNH participent aux Jeux olympiques depuis 1998. Environ 26 millions de Canadiens, soit 75% de la population du pays, ont regardé le match de médaille d'or Canada-États-Unis au hockey masculin aux Jeux de Vancouver en 2010.

Le CIO a reçu 153 millions de Bell, Rogers et V pour diffuser les Jeux de Vancouver et Londres, mais le CIO ne s'attend pas à recevoir autant cette fois-ci (les Jeux ne seront pas tenus en sol canadien). Selon Peter Sisam, les pertes du consortium Bell-Rogers-V ont été entre 20 et 80 millions à Vancouver. Les diffuseurs canadiens devraient perdre de l'argent encore l'été prochain à Londres.

Cette fois-ci, Bell, propriétaire de RDS et TSN, s'allie à Radio-Canada pour tenter de décrocher les droits de diffusion à Sotchi et Rio de Janeiro. Rogers a tenté de passer son tour. «Ce fut une décision difficile, mais cette approche disciplinée nous ouvrira d'autres occasions d'affaires», a dit Keith Pelley, président de Rogers Media, au Toronto Star. Sans Rogers, TVA Sports n'a pas de partenaire anglophone pour tenter de mettre la main sur les Jeux olympiques de 2014 et 2016. TVA Sports n'a voulu faire de commentaires sur le dossier olympique, refusant de confirmer ou de nier son intérêt pour les Jeux de 2014 et 2016.

Aux États-Unis, le CIO a été moins gourmand en renouvelant son entente avec NBC pour les Jeux de 2014 et 2016: NBC paiera 2 milliards US, soit autant que pour les Jeux de Vancouver en 2010 et Londres en 2012. NBC a perdu 200 millions à Vancouver en 2010.

Si le CIO ne trouve pas d'entente avec Bell et Rogers, les Canadiens pourront visionner les Jeux à NBC. L'avocat montréalais Richard Pound, longtemps responsable de négocier les droits de diffusion du CIO, n'exclut pas ce scénario, même si un «black-out» olympique reste peu probable au Canada.

«C'est presque arrivé en Australie pour les Jeux de Calgary et Séoul. Les diffuseurs avaient offert environ 35 000$ par Jeux. Je me suis levé et j'ai quitté la table des négociations», a dit Richard Pound au Toronto Star. Plus tard, le magnat australien des médias Rupert Murdoch, qui avait tenté d'acheter les droits des Jeux à bas prix, apostrophe Richard Pound en lui demandant des explications. «Je lui ai dit que si j'avais à faire un exemple de l'Australie, je le ferais et qu'il aurait à expliquer aux Australiens pourquoi les Jeux ne sont pas à la télé», a dit Pound, qui a finalement trouvé une entente raisonnable avec les chaînes de télé de Rupert Murdoch.