Des deux côtés de la frontière, mais surtout au sud, les signes que les chercheurs d'emploi auront plus de chance d'en dénicher qu'au cours des derniers mois se multiplient.

Hier seulement, on a appris que les nouvelles demandes d'assurance chômage aux États-Unis étaient à nouveau en baisse, à hauteur de 372 000. Ces données étant très volatiles, les experts préfèrent se concentrer sur la moyenne mobile des quatre dernières semaines. Or, à 373 250, elle est à son niveau le plus faible depuis juin 2008.

Bref, on crée moins de chômeurs.

Cette donnée est corroborée par celles de l'enquête menée par Challenger, Gray&Christmas portant sur les mises à pied et les licenciements annoncés en décembre. Elles ont totalisé 41 785, soit le nombre le plus faible depuis juin, précise la firme de Chicago. Cela porte le total de l'année à 606 082. C'est 14% de plus qu'en 2010, qui avait cependant connu le nombre le plus petit en 13 ans. En 2009, alors que la récession mordait de tous ses crocs, les suppressions annoncées avaient totalisé 1 288 030.

L'enquête fait ressortir que ce sont le secteur public et le segment bancaire qui ont sabré le plus, une tendance qui devrait se poursuivre en 2012, compte tenu des restrictions budgétaires des municipalités et de la restructuration prochaine des services postaux, très touchés par l'utilisation généralisée de l'internet dans la pratique des affaires et l'envoi de correspondances en tout genre.

Les résultats d'ADP font par ailleurs état de l'embauche de quelque 325 000 Américains par le secteur privé en décembre. Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis les débuts de cette enquête en 2001.

Ces résultats doivent cependant être pris avec un grain de sel, car ADP a éprouvé par le passé des difficultés méthodologiques avec les données de décembre. Ainsi, pour décembre 2010, rappelle Derek Holt, économiste chez Scotia Capitaux, la firme avait prédit 300 000 embauches, chiffre démenti par le Bureau of Labor Statistics (BLS) qui a fait plutôt état de 150 000 nouveaux emplois dans le secteur privé.

Le BLS publie ses chiffres ce matin à 8h30, 90 minutes après ceux de Statistique Canada. La prévision médiane des économistes est de 150 000 emplois de plus, en tenant compte des coupes attendues dans le secteur public. En novembre, l'économie américaine avait créé 120 000 emplois.

Mine de rien, son marché du travail a rattrapé la vitesse de croisière du canadien, soit une croissance de l'emploi de 1,2%, après 11 mois. «C'est la première fois en cinq ans que le Canada ne mène pas clairement sur ce front», fait remarquer Douglas Porter, économiste en chef désigné chez BMO Marchés des capitaux.

De ce côté-ci de la frontière, il ne s'est pas créé d'emploi depuis l'été, mais la forte poussée de la première moitié d'année a fait en sorte qu'on en comptait 181 700 de plus en novembre qu'au début de l'année.

Après deux mois de forte contraction, la prévision médiane des experts est de 20 000 emplois de plus, d'un océan à l'autre. Il reste encore à voir comment ils seront répartis à l'échelle provinciale. Fin novembre, le Québec comptait 25 900 emplois de moins qu'en début d'année. Faute d'un solide redressement en décembre, le Québec terminerait l'année avec moins d'emplois qu'il n'en comptait au début pour la troisième fois en quatre ans.