Quand vient le temps de faire le plein, le Québec est encore une fois une société distincte. Le prix de l'essence hors taxe est un peu moins élevé qu'ailleurs au Canada, mais les automobilistes n'ont pas accès à autant de services, que ce soit des lave-autos ou des dépanneurs.

C'est la faute de la loi québécoise sur le prix minimum qui interdit aux détaillants d'essence de vendre à perte, conclut une étude de HEC Montréal, qui a examiné le prix de l'essence dans 1600 points de vente au Canada entre 1991 et 2001.

Le Québec a instauré en 1997 sa loi sur le prix minimum pour protéger les indépendants des grands détaillants qui peuvent soutenir des guerres de prix et les sortir du marché. La loi a atteint son objectif, parce qu'il y a plus de points de vente et plus de concurrence au Québec, ont constaté les chercheurs de HEC Montréal. Ils déplorent toutefois ce qu'ils estiment être un effet négatif de la réglementation, à savoir le manque de grandes stations-services et des commerces qui y sont associés comme un lave-auto et un dépanneur.

«Loin d'aider le marché, cette mesure en a freiné la productivité, car elle a dissuadé les grandes sociétés pétrolières de venir s'implanter massivement au Québec», résument-ils. Mais si le prix est moins élevé, n'est-ce pas tout ce qui importe aux automobilistes? «Pour certains oui, mais pas pour tous», répond Robert Clark, un des auteurs de l'étude, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires. De plus en plus, les gens apprécient pouvoir acheter du lait ou autre chose après avoir fait le plein», estime-t-il.

Le manque de services est particulièrement évident dans les régions du Québec, souligne le chercheur. Les villes comme Québec et Montréal offrent le meilleur des mondes aux automobilistes, puisqu'ils ont le choix entre des points de vente sans ou avec services.

En attirant moins de grands détaillants, la loi sur le prix minimum de l'essence a aussi permis aux petites villes et aux villages de conserver leur point de vente d'essence, reconnaît Robert Clark.

Les grands détaillants s'installent généralement là où ils peuvent vendre de gros volumes et ils baissent les prix, ce qui finit par réduire la concurrence autour d'eux. Ils peuvent alors en profiter pour vendre plus cher.

Le prix de l'essence hors taxe était de 1,6 cent de moins au Québec qu'ailleurs au Canada pendant la période examinée dans l'étude.