L'entreprise de diffusion Astral Media ne veut pas que le CRTC retienne contre elle le caractère bilingue de ses activités.

Astral, qui fait la moitié de son chiffre d'affaires à la télé en anglais et l'autre moitié en français, veut obtenir le même traitement réglementaire que les groupes de diffusion anglophones comme Bell Média, Shaw Média et Rogers Média, qui doivent consacrer 30% de leurs revenus aux émissions canadiennes. Astral compte 11 chaînes spécialisées francophones, dont Canal D, VRAK.TV et Canal Vie, et trois chaînes anglophones, dont The Movie Network.

«Le bilinguisme est dans nos gènes et ce serait discriminatoire (de refuser la demande d'Astral). Si vous refusez, ça va engendrer une situation qui ne sera pas équitable. Ça va ghettoïser Astral», a dit Jacques Parisien, vice-président exécutif et chef de l'exploitation d'Astral Media, lundi après-midi à l'occasion des audiences du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) sur le renouvellement des licences des chaînes de télé francophones au pays.

Actuellement, Astral investit 28,6% de ses revenus en émissions produites au Canada. Astral propose au CRTC de hausser son budget consacré aux émissions canadiennes à 30%. En contrepartie, Astral réduirait de 5% le nombre d'heures de programmation canadienne sur ses chaînes et calculerait ses dépenses de programmation canadienne sur l'ensemble de ses chaînes plutôt que pour chaque chaîne individuellement.

Contrairement à Astral, Quebecor ne veut pas être réglementé comme un groupe de diffusion. Le concept a été introduit au Canada anglais notamment parce que les chaînes spécialisées, rentables mais plus pauvres en contenu canadien, se mariaient bien avec les chaînes généralistes, peu rentables mais riches en contenu canadien. Quebecor fait valoir que le concept s'applique mal à sa situation (plusieurs de ses chaînes spécialisées ne sont pas encore rentables).

Quebecor ne veut pas qu'Astral soit réglementé globalement comme un groupe de diffusion. «S'il y a un groupe qui ne doit pas se faire aider en raison de ses marges bénéficiaires, c'est bien Astral», dit Pierre Dion, président et chef de la direction du Groupe TVA.

Le vice-président de la radiodiffusion du CRTC, Tom Pentefountas, a toutefois rassuré Astral. «Nous n'allons pas vous reprocher le fait d'être rentable. Rien ne nous rend plus heureux qu'une compagnie qui réussit bien», a-t-il dit. Pour bien réussir financièrement, Astral réussit bien. L'entreprise n'a pas connu de trimestre déficitaire depuis 15 ans (excluant les charges exceptionnelles). Pour la dernière année se terminant le 31 août, Astral a généré des profits de 257 millions sur des revenus de 1,02 milliard, soit une marge bénéficiaire de 25%. Durant ses quatre derniers trimestres, le Groupe TVA a généré des profits de 35 millions sur des revenus de 447 millions, soit une marge de profit de 8%.

Autre demande d'Astral au CRTC: réduire de 50% à 30% la part des vidéoclips dans la programmation de MusiquePlus et MusiMax. Ce serait les vidéoclips anglophones qui écoperaient puisque le quota de vidéoclips francophones augmenterait de 35% à 50% pour compenser la baisse du nombre total de vidéoclips. «Aidez-nous avant qu'on frappe un mur, dit Jacques Parisien. On garde la nature du service: ce sera des chaînes musicales. C'est pourquoi on a obtenu l'appui de l'ADISQ. C'est une reconnaissance de ce qu'on fait pour la musique au Québec.»

Pour sa chaîne jeunesse VRAK.TV, Astral demande au CRTC de retirer l'interdiction de diffuser de la publicité pour les émissions s'adressant à un public de 0 à 5 ans. La chaîne jeunesse de TVA, Yoopa!, peut diffuser de la publicité s'adressant aux parents. La loi québécoise interdit la publicité destinée aux enfants à la télé.