Le Québec est en mal d'entrepreneurs. Le gouvernement provincial a rendu publique une politique visant à redonner le goût aux Québécois de se lancer en affaires. La firme Ernst & Young vient de publier un sondage mené auprès de dirigeants d'entreprises canadiennes et étrangères, dont les résultats soulignent la faiblesse du dynamisme entrepreneurial au pays au moment où la concurrence des pays émergents s'intensifie dans la course aux investissements étrangers.

Qu'ont en commun le Groupe Canam et le fabricant de t-shirts Gildan? Ces deux fleurons de l'économie québécoise ont investi dans les pays émergents dans les dernières années. Le fabricant de produits de construction a choisi la Chine tandis que Gildan a misé sur le Bangladesh.

Ils ne sont pas seuls. Près de 4 dirigeants d'entreprises canadiennes sur 10 envisagent d'investir dans les pays émergents d'ici cinq ans, indique un récent sondage qui permet de mieux comprendre les enjeux liés à l'entrepreneuriat au pays. Un sur quatre est même prêt à faire le saut dans les 12 prochains mois.

La croissance anémique de l'économie en Amérique du Nord et en Europe en 2011 se poursuivra l'an prochain. Les économies émergentes volent une nouvelle fois la vedette avec des prévisions de croissance variant entre 5 et 8%.

Les entrepreneurs en ont pris bonne note. En grand nombre, ils ciblent les pays du BRIC comme terre d'accueil de leurs investissements à l'étranger. L'an dernier, les pays en émergence accueillaient la moitié de tous les investissements directs étrangers. Cette proportion était de 33%, trois ans passés à peine.

«Nos entrepreneurs pensent pouvoir réaliser de plus grands profits dans les pays émergents en raison de la croissance économique plus soutenue dans ces pays, explique Stéphane Leblanc, associé aux services de fiscalité chez Ernst & Young. Un des points qui ressortent de l'étude est que 40% des sondés anticipent que le cinquième de la croissance de leurs profits viendra de l'étranger.»

Pour la première fois depuis la dernière récession, Ernst & Young Canada a sondé les dirigeants canadiens. En collaboration avec l'Economist Intelligence Unit (EIU), l'enquête a cherché à connaître les perceptions de 200 dirigeants canadiens et étrangers à l'égard du Canada comme endroit où investir.

Selon le rapport préparé pour le compte de la firme d'experts-comptables, les entreprises canadiennes cherchent à s'établir à l'étranger dans le but de réduire leurs coûts, bien sûr, mais aussi de participer à la croissance économique robuste du pays d'accueil. «Maintenant, on va en Chine ou au Brésil pour vendre aux populations locales», dit Luc Charbonneau, leader, services à l'entrepreneuriat pour Ernst & Young.

Si les entrepreneurs d'ici adoptent les pays émergents, est-ce que l'inverse est vrai? Comment le Canada se tire-t-il d'affaire au juste dans la quête d'investissements directs étrangers?

La part de marché du Canada est en net recul depuis 30 ans. Grâce à la richesse de ses ressources naturelles, le pays attire légèrement plus d'investissements étrangers que la taille de son économie le suggérerait, avec un ratio variant de 1,1 à 1,2 depuis 1995. À titre de comparaison, le ratio atteignait 6 en 1970.

En 2010, les étrangers ont investi 561,6 milliards de dollars, en hausse de près de 3% en un an, essentiellement dans le secteur des matières premières. Cette somme sort toutefois le Canada du top 10 des pays d'accueil de prédilection en ce qui a trait aux investissements étrangers. Le pays occupait la 5e position de ce palmarès en 2000. Matière à réjouissance, les dirigeants non canadiens sondés par The Economist Intelligence Unit placent néanmoins le Canada parmi les cinq destinations de choix de la planète en compagnie de la Chine, de l'Inde, des États-Unis et, à la surprise d'un peu tout le monde, du Vietnâm.