Passer des Pages Jaunes à Google: voilà en théorie un bon plan de carrière. La transition est toutefois plus compliquée pour une nouvelle employée de Google à Montréal, Marie-Claude Élie, dont l'entrée au travail chez Google est retardée en raison d'une injonction provisoire obtenue mercredi par son ancien employeur.

Marie-Claude Élie travaillait depuis 2007 pour le Groupe Pages Jaunes, où elle a obtenu plusieurs promotions avant de devenir première directrice marketing de performance en 2009. En février dernier, elle a signé une entente de non-concurrence «en contrepartie d'un boni substantiel et d'une augmentation salariale», selon les documents déposés par le Groupe Pages Jaunes devant la Cour supérieure.

Cette clause de non-concurrence lui interdit d'occuper un emploi similaire lié au marketing par moteur de recherche dans un rayon de 50 kilomètres jusqu'à six mois après la fin de son emploi au Groupe Pages Jaunes.

Le 28 septembre dernier, Marie-Claude Élie démissionne de son poste au Groupe Pages Jaunes après avoir accepté un emploi chez Google à Montréal. Plus tôt ce mois-là, elle avait obtenu un nouvel emploi chez Groupe Pages Jaunes qui lui donnait accès à plusieurs «documents hautement confidentiels», selon son ancien employeur.

Marie-Claude Élie a commencé son travail chez Google lundi dernier. Mardi matin, son ancien employeur a déposé une requête en Cour supérieure visant à obtenir une injonction pour lui interdire de commencer son nouvel emploi en raison de sa clause de non-concurrence de six mois. Groupe Pages Jaunes a obtenu mercredi une injonction provisoire en attendant que le tribunal puisse trancher sur le fond. L'injonction provisoire accordée par la juge Hélène Langlois est valide pour 10 jours, soit jusqu'au vendredi 25 novembre.

Pratique courante

«Il est de pratique courante pour des sociétés comme la nôtre d'insérer des clauses contractuelles pour protéger la confidentialité ainsi que pour limiter la sollicitation et la concurrence indue. Yellow Media déplore d'avoir eu à s'adresser aux tribunaux pour faire respecter les règles reconnues par les lois du Québec», a indiqué par courriel François Ramsay, premier vice-président et conseiller juridique principal de Yellow Media, propriétaire du Groupe Pages Jaunes.

Google n'a pas voulu commenter les procédures judiciaires entreprises contre elle et sa nouvelle employée. «Nous allons respecter les ordonnances de la Cour», a indiqué Wendy Rozeluk, porte-parole de Google, par courriel à La Presse Affaires.

L'avocat de Marie-Claude Élie estime que la clause de non-concurrence devrait permettre à sa cliente de travailler chez Google. La Cour en a conclu autrement pour l'instant. «Nous avons fait valoir que ma cliente n'occupe pas chez Google des fonctions similaires à ses anciennes fonctions au Groupe Pages Jaunes, qu'il n'y pas de préjudice pour Groupe Pages Jaunes et qu'il n'y a pas de notion d'urgence», dit Me Pierre Moreau, l'avocat de Marie-Claude Élie.

Prochain rendez-vous

Google et sa nouvelle employée auront une autre chance de faire valoir leurs arguments devant les tribunaux le 25 novembre prochain, alors que l'injonction provisoire prendra fin. Soit la Cour supérieure reconduira l'injonction, soit elle permettra à Mme Élie de commencer son nouvel emploi chez Google durant le litige.

Google, géant mondial de l'internet et des moteurs de recherche dont le siège social est établi en Californie, cherche à accroître sa présence physique au Québec. Le mois dernier, Google a embauché un nouveau patron pour le Québec, Nicolas Darveau-Garneau, un entrepreneur web et un ange investisseur originaire du Québec qui a passé les 15 dernières années aux États-Unis. Google compte une quarantaine d'employés au Québec dans ses bureaux avenue McGill College, dont la superficie vient de tripler.

Pendant que Google a le vent dans les voiles, Yellow Media éprouve plusieurs difficultés. Depuis le début de l'année, l'éditeur des Pages Jaunes a suspendu son dividende, radié 2,9 milliards de dollars de la valeur comptable de ses actifs, vendu plusieurs actifs dont le site web LesPAC.com. Et surtout, son titre a perdu 95,7% de sa valeur boursière en 2011.