À voir l'indice des technologies à la Bourse de Toronto, en baisse de 45% cette année, ce secteur apparaît en défaveur marquée parmi les investisseurs. Erreur ! Cette impression est faussée par le poids encore dominant de Research In Motion (RIM). Quand RIM perd les deux tiers de sa valeur boursière en quelques mois, c'est tout l'indice sectoriel qui écope ! Pourtant, en excluant RIM de cet indice, il se relève en zone positive cette année. Et même mieux que l'indice de marché S&P/TSX, en baisse de 8%.

Pour y voir plus clair, La Presse Affaires a fait un tour d'horizon des principales capitalisations d'ici en technologies.

Research in Motion

(RIM, Waterloo, Ontario)

Marché: télécommunicateurs sans fil

Cours récent: 18,35$ (-68% en 2011)

Multiple cours-bénéfice: 3

Capitalisation: 9,6 milliards

Avis d'analystes: 8 acheter/23 conserver/19 vendre

Revenus depuis un an: 20,1 milliards US (+19%)

Profit net depuis un an: 2,8 milliards US (-4%)

Il y a péril chez l'entreprise la plus en vue du high-tech canadien, créatrice des télécommunicateurs BlackBerry.

Research In Motion (RIM) a perdu les deux tiers de sa valeur boursière depuis le début de l'année. Et de l'avis d'analystes, le pire serait à venir dans ses résultats après les problèmes commerciaux et techniques des derniers mois.

La croissance des revenus s'annonce nulle pour les deux prochains exercices, ce qui pourrait retrancher le tiers des bénéfices.

Les analystes citent l'échec des tablettes Playbook, le retard des nouveaux Blackberry 7 et l'atrophie des parts de marché des téléphones intelligents.

Et la réduction d'effectifs chez RIM depuis quelques mois s'avère nulle pour réduire ses coûts. Pire, l'entreprise a dû hausser ses salaires pour freiner les démissions parmi ses employés-clé inquiets pour leur carrière.

Groupe CGI

(GIB, Montréal)

Marché: informatique de gestion

Cours récent: 20,15$ (+17% en 2011)

Multiple cours/bénéfice: 11

Capitalisation: 5,2 milliards

Avis d'analystes: 13 acheter/6 conserver/0 vendre

Revenus depuis un an: 4,32 milliards CA (+15%)

Profit net depuis un an: 434 millions CA (+19%)

Réconfortants! Ainsi se résume l'avis des analystes envers les résultats de fin d'exercice publiés cette semaine par la firme d'informatique CGI de Montréal.

À court terme, la croissance des revenus et des bénéfices de CGI est affectée par le brouillard économique en Europe et en Amérique du Nord.

Mais CGI continue d'engranger des contrats prometteurs, notamment auprès du gouvernement fédéral américain, un marché perçu à risque avec les défis budgétaires de Washington.

Selon les analystes, l'achat de l'Américaine Stanley par CGI l'an dernier porte fruit pour CGI.

Sur cette lancée, CGI a rehaussé son carnet de commandes au niveau record de 13,4 milliards CA, l'équivalent de trois ans de revenus au rythme actuel!

Il lui faut maintenir garder sa rentabilité à son niveau élevé parmi ses pairs, avisent les analystes.

Open Text

(OTC, Waterloo, Ontario)

Marché: informatique de documentation

Cours récent: 59$ (+31% en 2011)

Multiple cours/bénéfice: 23

Capitalisation: 6,6 milliards

Avis d'analystes: 15 acheter/3 conserver/1 vendre

Revenus depuis un an: 1,1 milliard US (+20%)

Profit net depuis un an: 136 millions US (+24%)

Voisine de RIM à Waterloo en Ontario, la société d'informatique Open Text suscite un sentiment autrement plus favorable parmi les investisseurs boursiers et les analystes.

Open Text s'affirme dans le marché de la gestion informatisée des documents et des données de gestion, en alliance avec des géants comme SAP et Microsoft.

Ce marché grandit avec l'appétit des entreprises et des organisations pour des gains de productivité dans leur gestion documentaire.

Les récents résultats d'Open Text étaient encore supérieurs aux attentes. Les prochains sont prometteurs, selon les analystes. En autant que la marge bénéficiaire résiste bien à la concurrence accrue en période de brouillard économique.

Celestica

(CLS, Toronto)

Marché: assemblage électronique

Cours récent: 8,65$ (-10% en 2011)

Multiple cours/bénéfice: 11

Capitalisation: 1,8 milliard

Avis d'analystes: 8 acheter/5 conserver/2 vendre

Revenus depuis un an: 7,3 milliards US (+15%)

Profit net depuis un an: 151 millions US (+60%)

La marge bénéficiaire! C'est le facteur le plus surveillé par les investisseurs boursiers et les analystes chez Celestica, une spécialiste de l'assemblage électronique en sous-traitance.

Car la concurrence internationale est très vive. Et quand des clients majeurs comme RIM et ses BlackBerry battent de l'aile, la tentation devient forte de chasser des contrats à la rentabilité douteuse.

De l'avis d'analystes, Celestica reprend du mieux après quelques années de résultats mitigés.

Son chiffre d'affaires a repassé le seuil des sept milliards US. Et son bénéfice est en voie de doubler cette année et l'an prochain.

Certes, les prochains résultats et la valeur boursière de Celestica demeurent sous forte influence de l'économie.

Mais aussi, notent les analystes, Celestica a une réserve de comptant qui pourrait servir pour des acquisitions opportunes ou des dividendes aux actionnaires.

Macdonald Dettwiler

(MDA, Vancouver)

Marché: technologies spatiales, téléguidage

Cours récent: 46,85$ (+7% en 2011)

Multiple cours/bénéfice: 28

Capitalisation: 1,48 milliard

Avis d'analystes: 5 acheter/6 conserver/0 vendre

Revenus depuis un an: 504 millions CA (-29%)

Profit net depuis un an: 99 millions CA (-19%)

L'industrie spatiale est en rationalisation, chez les agences gouvernementales et dans le privé.

Malgré tout, le principal sous-traitant canadien dans ce secteur, MacDonald Dettmiler (MDA), parvient à se tirer d'affaires.

Ses récents résultats étaient «solides» dans le contexte, selon les analystes. De plus, MDA entretient un bon «pipeline» de projets et de contrats prometteurs à moyen terme.

MDA demeure bien alignée sur des projets importants de satellites de communications et de géodésie en Amérique du Nord et en Russie. Elle lorgne aussi des projets d'entretien satellitaire de la NASA.

Par ailleurs, MDA diversifie les débouchés terrestres pour ses technologies développées dans le secteur spatial. Ça comprend le téléguidage d'engins volants de reconnaissance ainsi que la robotique de haute-précision.

Ce savoir-faire de MDA découle des «bras canadiens», ces télémanipulateurs installés dans les navettes américaines et sur la station spatiale.

Wi-Lan

(WIN, Ottawa)

Marché: équipements de télécoms

Cours récent: 6,60$ (+3% en 2011)

Multiple cours/bénéfice: 17

Capitalisation: 816 millions

Avis d'analystes: 7 acheter/0 conserver/0 vendre

Revenus depuis un an: 92,1 millions CA (+92%)

Profit depuis un an: 26 millions CA (+349%)

Dénicher des technologies émergentes en télécoms et les canaliser à profit vers de gros utilisateurs. La société Wi-Lan est réputée très habile dans ce domaine.

À preuve, les investisseurs boursiers lui attribuent une valeur d'au moins 800 millions, presque dix fois son chiffre d'affaires courant!

En fait, c'est la forte croissance de Wi-Lan et le gros rebond de sa rentabilité qui lui vaut un tel sentiment favorable en Bourse.

Les analystes voient ses revenus doublés à plus de 100 millions en fin d'exercice 2011. Et encore haussés autour de 150 millions l'an prochain.

Quant au résultat net, le déficit de 2010 a cédé le pas à un surplus d'au moins 50 millions cette année. Et d'au moins 60 millions attendu en 2012.

Selon les analystes, cette croissance sera très avantageuse pour Wi-Lan en Bourse lors des prochains trimestres.

Exfo

(EXF, Québec)

Marché: équipements électro-optiques

Cours récent: 6,00$ (-15% en 2011)

Multiple cours/bénéfice: 53

Capitalisation: 390 millions

Avis d'analystes: 1 acheter/6 conserver/0 vendre

Revenus depuis un an: 296 millions US (+46%)

Profit net depuis un an: 6,4 millions US (-1,5%)

Résistance! Ainsi se résument les attentes des analystes envers Exfo, alors que le contexte économique embête son marché.

Exfo fabrique des outils électroniques pour les exploitants de réseaux de télécommunications par fibre optique.

Le ralentissement des immobilisations dans ce secteur affecte la rentabilité d'Exfo, alors que ses revenus tiennent encore bon.

En Bourse, les investisseurs ont déjà manifesté leur appréhension face à cette conjoncture moins favorable.

Parmi les analystes, plusieurs ont abaissé leurs prévisions de prochains résultats ainsi que leur prix-cible des actions d'ici un an.