Le numéro deux de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Roland Lescure, voit dans le système canadien de péréquation un modèle qui pourrait aider l'Union européenne à sortir de sa crise financière.

Dans le cadre des troisièmes rencontres Finance France-Québec, tenues lundi à Paris, M. Lescure s'est demandé si la péréquation canadienne n'était pas une «piste de solution pour la zone euro», selon ses notes d'allocution.

Le chef des placements de la Caisse a résumé à son auditoire français le fonctionnement du système canadien, par lequel Ottawa verse des paiements spéciaux aux provinces les plus pauvres, dont le Québec, afin que celles-ci puissent offrir des services publics comparables à ceux des provinces plus riches.

«Certaines caractéristiques de ce modèle méritent d'être examinées dans l'hypothèse d'une union fiscale entre les membres de la zone euro», a estimé Roland Lescure.

Le Français d'origine, qui a immigré au Québec il y a deux ans, a toutefois fait remarquer que la péréquation n'empêchait pas le Québec de payer plus cher que le Canada pour ses emprunts.

En fait, avant la crise financière, l'écart entre les taux d'intérêt des obligations québécoises et canadiennes était beaucoup plus élevé qu'entre les titres d'emprunt de la Grèce et de l'Allemagne, a-t-il noté.

Patience, patience

Sur un autre front, M. Lescure n'a pas manqué, à l'instar de bien des politiciens et représentants de l'industrie financière, de présenter le système bancaire canadien comme un exemple à suivre.

Il a relevé que les banques canadiennes, dont la plus grande partie des profits provient des services aux particuliers, sont beaucoup moins dépendantes que leurs homologues françaises des activités d'investissement, plus risquées.

Le gestionnaire a toutefois prévenu que les Européens allaient devoir s'armer de patience. Il a rappelé qu'il a fallu plus de cinq ans aux banques canadiennes pour faire remonter leurs ratios de capital de 5 à 10 pour cent après les pertes immobilières du début des années 1990.

«De la même manière, la dégradation de la note AAA du Canada, en 1992, n'a été renversée que 10 ans plus tard, a-t-il souligné. Et ce dans une décennie de croissance mondiale. Donc beaucoup d'efforts à attendre et un redressement long et difficile.»

Roland Lescure a par ailleurs profité de son intervention parisienne pour encourager les entreprises françaises à investir au Québec, qui «regorge de richesses naturelles et énergétiques encore inexploitées», a-t-il indiqué.