Le ministre des Finances a annoncé hier qu'il reconduit le mandat de la Banque du Canada jusqu'au 31 décembre 2016.

La Banque continuera de moduler sa politique monétaire de manière à ce que le taux annuel d'inflation progresse dans une fourchette de 1% à 3%, avec une cible de 2%. La cible est définie comme le taux d'augmentation de l'indice des prix à la consommation (IPC global) sur 12 mois.

En septembre, il était plutôt de 3,2%, mais les autorités monétaires s'attendent à ce qu'il fléchisse prochainement en raison du ralentissement économique et de la correction des prix des biens de base.

En faisant son annonce, M. Flaherty a déclaré qu'«un taux d'inflation bas, stable et prévisible est avantageux pour les ménages et les entreprises qui profitent ainsi de coûts moins élevés pour les hypothèques et les prêts».

Une faible inflation a pour effet de protéger le pouvoir d'achat, de réduire les coûts contre les incertitudes liées à l'inflation future et à diminuer les anticipations inflationnistes, relevait plus tôt cette semaine Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins dans une évaluation des options qui s'offraient à la Banque centrale.

Le mandat actuel a été fixé en 1991 par le gouvernement de Brian Mulroney.

D'autres banques centrales ont aussi une cible d'inflation. Ainsi, la Banque centrale européenne vise un taux inférieur mais près de 2% tandis que la Banque d'Angleterre vise 2%.

D'autres n'en ont pas. La Réserve fédérale américaine vise plutôt la maximisation de l'emploi et la stabilité des prix.

L'annonce du ministre n'est pas qu'une simple formalité. Depuis cinq ans, la Banque a mené beaucoup de recherches sur des solutions de rechange susceptibles de mieux contenir l'évolution des prix.

Elle aurait pu ainsi restreindre la fourchette de 1% à 2%. À la défense de cette thèse, la Banque a observé que «l'IPC canadien surestime d'environ 0,6% par an la progression des prix, rappelle M. Vachon. Ce biais proviendrait essentiellement des changements d'habitudes qui ne sont pas captés par le panier de référence fixe de l'IPC».

Pour suivre l'évolution des prix, la Banque doit en effet s'en remettre à Statistique Canada. Tous les mois, elle mène une enquête dans tout le pays sur l'évolution des prix de quelque 600 biens et services.

Ce panier est mis à jour tous les quatre ans. La dernière modification remonte à mai dernier. Elle a servi à introduire de nouveaux produits comme la tablette numérique et les téléphones intelligents ou les frais d'adhésion à des clubs de vente au détail.

Le poids de chaque composante de l'IPC global fait aussi l'objet de révisions régulières.

L'IPC a été fixé à 100 en janvier 2002. En septembre, il valait 120,6, ce qui équivaut à une hausse des prix du panier de provisions de 20,6% en un peu moins de 10 ans, soit un peu moins de 2% par année.

Pour mesurer la tendance des prix dans un horizon de deux ans, la Banque retranche de l'IPC global ses huit composantes les plus volatiles, soit les fruits et légumes frais ou préparés, le coût d'intérêt hypothécaire, le gaz naturel, le mazout et autres combustibles, le transport interurbain, les produits et accessoires du tabac ainsi que l'effet des variations des taxes indirectes. L'augmentation annuelle de cet IPCX était de 2,2% en septembre.

Fait à souligner, l'IPCX mesure mieux les tendances inflationnistes que les variations des dépenses personnelles de consommation moins les aliments et l'énergie, retenues par la Fed. L'IPCX inclut ainsi la viande, les céréales, les produits laitiers et les prix de l'électricité.

La Banque du Canada a aussi jonglé avec la possibilité de cibler le niveau des prix plutôt que leur variation. Ainsi, si on fixe à 2% par année l'avancée de ce niveau, il faudrait dans le contexte actuel (à 3,2%) qu'il diminue à 0,8% l'an prochain. Cela exigerait des hausses du taux directeur de la Banque, fixé à 1% depuis septembre 2010, alors que l'économie ralentit. «Un tel scénario ne serait pas souhaitable, d'autant plus que le ton employé dans le dernier communiqué de la Banque était négatif et fermait la porte à un resserrement monétaire pour plusieurs trimestres encore», observe M. Vachon.