Le site internet spécialiste des bonnes affaires Groupon (GRPN) s'est envolé à son premier jour de cotation vendredi à New York, en dépit des doutes inspirés par son modèle économique.

Vers 13h15, l'action cotait 27,67 $, en hausse de 38,35% par rapport au cours d'introduction fixé jeudi à 20 $, mais en léger retrait par rapport au cours d'ouverture (28 $).

L'opération, qui a permis à la jeune société de Chicago de récupérer 700 millions de dollars (710,5 millions si l'option de sur allocation est souscrite), est la deuxième plus grosse entrée en Bourse pour une société internet depuis celle de Google en 2004, a noté la société financière Renaissance Capital vendredi.

La société née il y a trois ans à Chicago, qui a de gros frais de marketing pour conquérir et garder ses abonnés et ses clients commerçants, a indiqué que les fonds ainsi récoltés lui permettraient de financer les besoins de l'exploitation.

«Notre entrée en Bourse est une petite étape de notre voyage», a commenté le fondateur et directeur général Andrew Mason sur le blog officiel du groupe.

Sur la chaîne financière CNBC, le directeur financier Jason Child, s'est dit satisfait de l'ampleur de l'opération, «assez importante et bonne pour nos activités».

Groupon n'a mis en vente que 5,5% de ses actions, ce qui d'après les analystes a créé une tension entre l'offre et la demande qui lui était favorable, d'autant que les opportunités d'investir dans la nouvelle économie ont été rares depuis le printemps.

L'entrée en Bourse de Groupon était l'une des plus attendues dans le secteur de la high-tech américaine, en attendant celle de l'éditeur de jeux Zynga, dont la valorisation est estimée autour de 14 milliards de dollars mais qui est déjà bénéficiaire, et surtout du géant Facebook, bien plus gros, mais qui n'a pas encore déposé de dossier.

Mais la valorisation de Groupon au cours d'entrée en Bourse, à 12,7 milliards de dollars, représente environ la moitié seulement des estimations qui circulaient l'été dernier.

Plusieurs analystes ont noté que les fondamentaux de l'entreprise, qui creuse sa perte nette alors que sa croissance accuse un début de ralentissement, étaient porteurs de risques.

«Si on vous a donné des actions pour l'entrée en Bourse, tant mieux pour vous. Sinon, disons juste que Groupon n'est pas exactement l'investiment qui convient pour les veuves et les orphelins», notait l'analyste Jon Ogg sur le site spécialisé 247WallSt.com.

L'opération laisse en effet les amateurs de technologies devant un dilemme: vaut-il mieux participer de l'engouement pour les valeurs technologiques en général, et pour ce qu'a apporté Groupon en rapprochant internet du commerce local? ou plutôt s'inquiéter des chiffres que la société de trois ans a révélé dans ses documents boursiers?

Groupon, qui compte 142,9 millions d'abonnés dans 145 pays, avec près de 79.000 commerçants utilisant ses services, fonctionne avec plus de 10.400 employés. Leur rôle: mettre en contact commerçants et internautes pour offrir des promotions sur certains biens ou services, pour autant qu'un nombre minimum de consommateurs y souscrivent.

Le site internet est confronté à une concurrence de plus en plus marquée, menée par des sites plus petits ou son rival LivingSocial, soutenu par Amazon, ainsi que par Google, qui développe ses bonnes affaires «Offers» depuis juin.

Groupon a encore essuyé une perte nette de 308,1 millions de dollars pour les neuf premiers mois de l'année, contre 77,7 millions durant la même période de 2010.

Le site revendique aussi un chiffre d'affaires de 1,1 milliard de dollars sur les neuf premiers mois de l'année, contre 140,7 millions de dollars il y a un an, mais avec un ralentissement progressif de l'expansion depuis le début de l'année.