L'économie américaine a gagné du tonus l'été dernier et des données préliminaires indiquent que la croissance se poursuit cet automne. En revanche, les perspectives à moyen terme ne sont pas satisfaisantes, surtout au chapitre de l'emploi.

Tel est le constat fait hier par la Réserve fédérale américaine (Fed), qui n'avait par ailleurs aucune autre stratégie d'allégement monétaire à annoncer.

«La croissance économique s'est renforcée quelque peu au troisième trimestre, en partie à cause du renversement de facteurs transitoires qui avaient pesé sur la croissance plus tôt dans l'année», précise le communiqué dans lequel la Fed maintient son taux directeur dans la fourchette de 0% à 0,25%, fixée en décembre 2008.

Le communiqué déplore en revanche de nouveau la «faiblesse persistante dans les conditions du marché du travail et un taux de chômage élevé» ainsi que le marasme persistant du secteur de l'habitation.

«De plus, y souligne-t-on, il existe d'importants risques baissiers aux perspectives économiques dont les tensions sur les marchés financiers mondiaux.»

La Fed perçoit néanmoins une modeste amélioration des dépenses des ménages et la poursuite des investissements des entreprises dans l'équipement et le logiciel.

Son statu quo a créé une seule dissidence. Charles L. Evans, président de la Réserve fédérale de Chicago, aurait souhaité l'annonce de nouvelles mesures d'assouplissement cette fois-ci. Cette dissidence contraste avec les trois voix opposées à toutes nouvelles mesures d'assouplissement en septembre.

Comme elle le fait deux fois l'an, la Fed a aussi mis à jour ses perspectives économiques qui reflètent l'insatisfaction exprimée par son président, Ben S. Bernanke, au cours de la conférence de presse qui a suivi la réunion du Comité de politique monétaire.

L'an prochain, la croissance réelle sera limitée à une fourchette de 2,5% à 2,9%, soit bien moins que les 3,3% à 3,7% envisagés en juin, avant les révisions des données du Bureau of Economic Analysis, à la fin de juillet. Elles ont montré que la récession avait été plus profonde et la reprise bien plus molle que perçu jusque-là.

La Fed s'attend aussi à ce que le taux de chômage ne diminue qu'à 8,5-8,7% en fin d'année prochaine alors que se dérouleront les élections présidentielles. En juin, elle voyait plutôt le taux des chercheurs actifs d'emploi dans une fourchette de 7,8% à 8,2%. Les perspectives de croissance et d'emploi ont aussi été abaissées, pour 2013 et 2014. Enfin, la Fed s'attend à ce que l'inflation faiblisse sous les 2% jusqu'en 2014.

Cela permet d'expliquer que la Fed s'est engagée, en août, à maintenir son taux directeur à niveau actuel au moins jusqu'à l'été 2013 et, en septembre, à allonger la maturité de son portefeuille obligataire en troquant des Treasuries de courte échéance contre des titres venant à échéance à long terme. Cette «Opération Twist» vise à infléchir les taux d'intérêt à long terme sur les prêts aux ménages et aux entreprises.

Elle va continuer aussi de réinvestir dans les titres adossés sur des actifs hypothécaires les obligations des agences prêteuses et leurs titres arrivés à échéance de manière à stimuler le marché de l'habitation toujours très déprimé.

«Je ne suis pas satisfait de l'économie, le chômage est trop élevé» a répété M. Bernanke à la presse financière.

Voilà qui en amène plusieurs à conclure que de nouvelles mesures d'assouplissement seront annoncées d'ici quelques mois, car les prévisions révisées de la Fed sont perçues comme trop optimistes. Sans donner de détail, M. Bernanke a indiqué que cela pourrait viser plus d'achats de titres adossés à des actifs hypothécaires ou des clarifications des cibles de la Fed en matière de taux de chômage ou de croissance, préalables à tout resserrement monétaire.

À la presse, M. Bernanke a admis que la crise européenne affectait la confiance des ménages et des investisseurs, mais que sa résolution appartenait aux autorités monétaires et politiques européennes. La Fed peut cependant protéger les institutions financières américaines et agir comme leur prêteur de dernier ressort, si nécessaire.

M. Bernanke a refusé de commenter les critiques que lui adressent certains républicains du Congrès. Il a eu cette remarque lapidaire en revanche: «Il est important que la Fed soit libre de toute influence politique.»

Et pour bien marquer son coup, il a ajouté que, pour améliorer l'économie, «il serait utile d'avoir le concours d'autres parties du gouvernement».